Mots clés |
Cancer, Hémopathie maligne, Urgences, Facteurs de risque, Epidémiologie, Neutropénie fébrile, Saturation veineuse centrale en oxygène, Performance status, Admission précoce, Immunothérapie |
Resumé |
Dans les pays industrialisés, une personne sur vingt (5%) vit avec un cancer. La meilleure survie des patients d'onco-hématologie (POH) se fait au prix d'une toxicité directe ou infectieuse nécessitant de façon croissante le recours aux services d'urgence. La prise en charge clinique de ces patients par les médecins urgentistes repose sur une évaluation clinique soigneuse et l'application de recommandations d'experts, à ce jour au moins empiriques, sinon inadaptées aux urgences. De fait, la recherche dans le domaine du POH aux urgences est indispensable. Des experts ont suggéré des axes de recherche prioritaires tels le recueil de données épidémiologiques afin de mieux décrire ces patients aux urgences, la gestion de la neutropénie fébrile, l'impact du retard à l'initiation de l'antibiothérapie au cours des états septiques du patient neutropénique ou non, le développement de biomarqueurs permettant d'orienter les patients après les urgences (domicile, salle d'oncologie ou d'hématologie, service de spécialité, réanimation), l'analyse de données de prise en charge dans des pathologies standardisées (sepsis, insuffisance respiratoire, atteinte neurologique), ou encore une meilleure reconnaissance des situations palliatives. Nous avons tenté de répondre à certaines de ces questions et montré qu'en France, la prévalence des patients d'onco-hématologie pris en charge par un service d'urgence était de 3%, qu'il s'agissait de patients potentiellement graves avec un taux d'hospitalisation et de décès intra-hospitalier de 65% et 13%. Concernant la neutropénie fébrile, il semble qu'aux urgences, le score pronostique de la Multinational Association of Supportive Care in Cancer risk-index soit insuffisant, pour identifier les patients à bas risque de complication. De même, le retard à l'initiation de l'antibiothérapie n'est pas associé à l'admission des patients en réanimation ou à la mortalité intra-hospitalière contrairement à son caractère inadapté. Si le shock index semble performant pour prédire le bien fondé d'une admission précoce en réanimation, ou encore la mortalité au septième jour, le dosage de la saturation veineuse centrale (ScvO2) en oxygène à l'arrivée aux urgences (prélevée sur le cathéter veineux central de longue durée) ne l'est pas. Certaines situations à haut risque de détérioration (signes précoces de dérangements physiologiques, tachypnée, syndrome de lyse, coagulation veineuse intra-vasculaire disséminée...) rapportées dans la littérature de réanimation nécessitent une validation aux urgences. Ainsi, chez les patients suivis pour une hémopathie maligne, l'admission retardée en réanimation est associée à une surmortalité. Enfin, l'urgentiste est souvent en première ligne dans la gestion des toxicités des nouveaux traitements du cancer et notamment l'immunothérapie. Identifier et reconnaitre les situations cliniques évocatrices fait partie des enjeux de la formation des médecins urgentistes. De façon plus générale, la connaissance des pathologies et de leurs traitements nécessite une collaboration étroite avec les oncologues, hématologues et réanimateurs. Les spécialistes de la médecine d'urgence doivent aussi développer leur propre agenda de recherche pour les POH aux urgences et montrer qu'ils ont un rôle dans l'amélioration de leur pronostic |