Mots clés |
Femmes, Militantisme, Mayotte, Comores, Mémoire, Départementalisation, Océan Indien |
Resumé |
À Mayotte, l'idée selon laquelle les femmes détiendraient une position avantageuse, voire supérieure aux hommes, suggérant une inversion des rapports de genre dans une société musulmane, est un élément saillant dans les médias. L'association des femmes à la lutte pour la départementalisation a conduit à la construction de stéréotypes de genre où départementalisme et indépendantisme étaient respectivement l'affaire des femmes et des hommes. De 1966 à 1976, un mouvement protestataire embrasa l'île. Cette mobilisation, majoritairement féminine, réclamait la séparation de l'île de l'archipel qui formait alors un territoire d'outre-mer français. L'irruption des femmes de l'îlot de Petite-Terre à Mayotte sur le devant de la scène politique occupée par les hommes est à relier à des dynamiques féminines anciennes, mais aussi aux rapports de genre au cœur de l'émergence de cette lutte. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, des femmes de Sainte-Marie (Madagascar), Grande-Comore, Anjouan et La Réunion, s'installent en Petite-Terre et tirent parti de l'offre éducative ainsi que des opportunités de travail liés à la présence du chef-lieu. La perspective historique sur le genre donne une plus grande visibilité à la montée en puissance des femmes au cours du XXe siècle stimulée par l'existence de nouveaux modèles et d'un cosmopolitisme au féminin dans l'espace circonscrit de PetiteTerre. Au milieu du XXe siècle, la première génération de femmes auxiliaires de l'administration coloniale émerge ; ce processus s'accompagne par la suite de l'accession de femmes à des fonctions électives. Croisant récits de vie et archives, la recherche s'intéresse aux formes de l'engagement féminin, aux transmissions générationnelles et familiales (capital militant, idéel) qui aboutirent à la départementalisation de Mayotte en 2011. |