Proximité d'activités agricoles et leucémie de l'enfant
Proximity to agricultural activities and childhood leukaemia
par Sophie BAMOUNI sous la direction de Stéphanie GOUJON
Thèse de doctorat en Épidémiologie
ED 393 École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale

Soutenue le mardi 13 septembre 2022 à Université Paris Cité

Sujets
  • Enfants cancéreux
  • Enfants leucémiques
  • Maladies
  • Pesticides
  • Zones de cultures

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Mots clés
Leucémies de l'enfant, Saisonnalité, Cultures agricoles, Pesticides, Exposition prénatale, Registre de cancer
Resumé
Les leucémies aiguës (LA) sont les cancers les plus fréquents chez l'enfant (<15 ans), avec environ 500 nouveaux cas diagnostiqués par an en France métropolitaine. Une augmentation du risque de LA chez l'enfant en lien avec l'utilisation domestique de pesticides par la mère durant la grossesse et au cours de l'enfance ainsi que l'exposition professionnelle de la mère durant la grossesse a été observée dans plusieurs études, plaçant les pesticides parmi les facteurs environnementaux les plus suspectés dans les LA. Cette thèse, qui porte sur les expositions aux pesticides liées aux activités agricoles, avait pour objectif principal de tester l'hypothèse d'une augmentation du risque de LA chez l'enfant en lien avec la proximité résidentielle de cultures. Dans la première partie, nous avons étudié les variations d'incidence des LA entre 1990 et 2014 en France métropolitaine selon le mois de naissance et selon le mois de diagnostic. Un intérêt particulier a été porté aux LA de type lymphoblastique (LAL, 80% des LA) pour lesquelles une origine infectieuse est suspectée. Cette étude a été réalisée à partir des données de naissance et de population de l'INSEE, et celles du Registre national des cancers de l'enfant (RNCE), pour le dénombrement des cas. Des modèles de régression de Poisson ont été utilisés pour tester l'hétérogénéité globale des taux d'incidence mensuels sur la période d'étude, puis, à l'aide d'une méthode de détection de cluster temporel, nous avons étudié les variations d'incidence sur des fenêtres de plusieurs mois consécutifs. La reproductibilité annuelle des variations observées a été testée. Avec 11 528 cas de LA diagnostiqués sur la période d'étude, dont 8 798 nés sur cette période, nous avons observé une saisonnalité des leucémies aiguës myéloïdes (LAM, 15% des LA environ) selon le mois de naissance, avec un nombre observé de cas plus faible que le nombre de cas attendu parmi les enfants nés entre janvier et avril (ratio d'incidence standardisé (SIR) = 0,85 IC 95% [0,77-0,94]) et, de manière symétrique, un nombre de cas observé plus élevé parmi ceux nés entre mai et décembre (SIR = 1,07 IC 95% [1,01-1,14]). Aucune saisonnalité n'a été mise en évidence pour les LAL. La deuxième partie s'intéressait à l'association entre la proximité résidentielle de cultures durant la période prénatale et le risque de LA chez l'enfant. Un intérêt particulier a été porté à la viticulture, en lien avec la mise en évidence, dans une récente étude de l'équipe, d'une augmentation du taux d'incidence des LA de l'enfant dans les communes de résidence au diagnostic les plus viticoles. Nous avons inclus tous les enfants nés et domiciliés en France métropolitaine sur la période 1990-2015 (INSEE) parmi lesquels nous avons identifié 8 747 cas de LA (RNCE). La densité de culture dans la commune de résidence à la naissance a été calculée avec les données des recensements agricoles de 1988, 2000 et 2010, pour 10 types de cultures définis selon leur profil d'usage de pesticides. Nous n'avons pas observé d'association positive statistiquement significative entre les taux d'incidence des LA, des LAL et LAM, et la densité des cultures considérées. Cependant, une augmentation modérée du taux d'incidence des LAL a été observée dans la population d'enfants résidant à la naissance dans les communes ayant plus de 25% de leur surface couvert par de la viticulture (SIR = 1,09 IC 95% [0,92-1,30]). En conclusion, nous avons mis en évidence, une saisonnalité du taux d'incidence des LAM selon le mois de naissance, tandis que les taux d'incidence mensuels étaient homogènes pour les LAL. Dans l'ensemble, les résultats de la seconde étude ne sont pas en faveur d'une association entre la proximité résidentielle aux cultures au moment de la naissance et le risque de LA chez l'enfant. L'augmentation d'incidence observée dans les communes de naissance les plus viticoles pourrait être le reflet de l'association mise en évidence dans l'étude précédente au diagnostic.