Des narrations d'expériences extrêmes engageant le social à l'accompagnement thérapeutique de sujets en exil et en précarité, confrontés à des traumatismes majeurs avant, pendant et après leur parcours migratoire : une remontée aux sources relationnelles, corporelles, verbales et artistiques de la narrativité
From « extreme experience narratives » to the therapeutic accompaniment of migrant persons facing exile, poverty and trauma, before, during and after their migratory trajectories : tracing the relational, physical, verbal and artistic sources of narration
par Christina ALEXOPOULOS sous la direction de Ouriel ROSENBLUM
Thèse de doctorat en Psychologie
ED 450 Recherches en psychanalyse et psychopathologie

Soutenue le mardi 10 décembre 2019 à Université Paris Cité

Sujets
  • Écoute (psychologie)
  • Guerre
  • Immigrés
  • Pauvreté
  • Psychologie
  • Thérapie narrative
  • Traumatisme psychique

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Mots clés
Témoignage de la torture
Resumé
Ce travail de recherche théorico-clinique en psychanalyse et psychopathologie retrace les modalités d'accompagnement thérapeutique et d'écoute clinique des narrations des personnes en situation d'exil et de précarité, rencontrées en centre d'hébergement d'urgence, en centre de rétention administrative ou en hôpital psychiatrique. Un long travail d'accompagnement psychologique mené dans ces lieux de vie, de contrôle ou de soin a permis de réfléchir sur les enjeux psychiques des personnes confrontées à des traumatismes majeurs avant, pendant et après leur exil et sur la dimension thérapeutique de la narrativité. Soutenir une offre transférentielle pour faire émerger leur histoire dans un cadre contenant, souple et solide, trouver avec elles les moyens narratifs de se la représenter, de la raconter à un autre et de l'élaborer, travailler sur les expériences traversées pour sortir d'une situation victimaire et se projeter à nouveau dans l'avenir en constituent des étapes cliniques importantes. Le travail psychique menant de l'émergence et de la narration mémorielles à l'assomption de son histoire dans un processus de subjectivation est pensé en relation avec l'exploration de la pluralité interne du sujet entre polyphonie du récit, groupalité en soi et identité narrative. Il est aussi référé au rôle de la mémoire dans l'édification du récit de soi, depuis les traces mnésiques jusqu'à la remémoration de son histoire et la reconstruction interactionnelle des mémoires individuelle, collective et institutionnelle, à travers un processus multifocal, polymorphe et pluridirectionnel. Il est enfin décliné en relation avec les notions de subjectivation et d'inter-subjectivité, en référence à l'héritage historique et épistémologique de la psychothérapie institutionnelle, de la psychanalyse et de la théorie de l'attachement.Une proposition thérapeutique fondée sur une clinique du lien social, intersubjective et empathique s'en dégage, en prolongeant les acquis théoriques et pratiques d'une approche psychanalytique, centrée sur la parole du sujet, et d'une tradition de psychothérapie institutionnelle, focalisée sur les sources relationnelles du soin, tout en réhabilitant des formes d'expression et de médiation non verbales, corporelles et artistiques. Une réflexion est menée sur le cadre de la rencontre clinique, les réaménagements du dispositif et les interactions avec les acteurs du terrain, qu'il s'agisse de représentants de l' Etat, d'instances administratives et juridiques ou de travailleurs socio-éducatifs au sein d'associations gestionnaires de centres d'hébergement. L'économie générale du pouvoir institutionnel est ainsi pensée en rapport avec l'évolution des conditions d'accueil, de vie et d'intervention psychosociales. La transformation des associations en gestionnaires des centres d'hébergement financés et en grande partie contrôlés par l'Etat, le passage d'un cadre d'accueil médicosocial régi par le principe de l'inconditionnalité à une logique de plus en plus restrictive en matière de droits, la présence aussi de pratiques et de discours attestés d'exclusion, de naturalisation des discriminations et de violence institutionnalisée, sont questionnés à l'aune de la subjectivité des acteurs, des soubassements idéologiques, psychiques et sociaux de leurs positionnements et du contexte historique, politique et juridique dans lequel ils évoluent.Face à des traumatismes à répétition, le travail thérapeutique vise à restaurer les facultés narratives du sujet en tant que capacités psychique, physique et mentale, d'élaborer, de relater et d'adresser à un autre le récit de son histoire en mobilisant des ressources relationnelles, corporelles, verbales ou artistiques et en menant un travail de liaison intrapsychique et intersubjectif, entre affects et représentations tant dans un cadre d'oralité que dans un contexte d'écriture de soi ou encore de traduction extraverbale et de médiation artistique.