Mots clés |
Oxytocine, Amniotomie, Direction du travail, Durée du travail, Césarienne |
Resumé |
Le recours à l'amniotomie et à l'oxytocine est fréquent en France (respectivement 57,6% et 44,3% des femmes en travail spontanée en 2016). Ces interventions ont pour objectif de réduire la durée du travail obstétrical, mais leur bénéfice en termes de morbidité maternelle et néonatale est controversé. Les objectifs de ce travail doctoral étaient d'étudier à l'échelle nationale, 1- la durée des différents stades du travail obstétrical selon les caractéristiques des femmes, 2- la fréquence actuelle des interventions médicales pendant le travail dans notre pays, et son évolution, 3- leur fréquence d'utilisation inadéquate et les facteurs associés, et 4- les conséquences d'une utilisation inadéquate. Dans un premier temps, la description des durées contemporaines du travail nous a permis d'observer que le travail était relativement court en France par rapport aux données internationales publiées, et que ce dernier était influencé par l'indice de masse corporelle chez les femmes nullipares. Ensuite, nous avons évalué comment l'utilisation de l'amniotomie et l'oxytocine avait évolué entre les deux enquêtes nationales périnatales Françaises de 2010 et de 2016, et s'il existait une association entre cette évolution et le taux de césarienne. Ce travail a permis de montrer que le recours aux deux interventions était moins fréquent en 2016 sans augmentation du taux de césarienne. Au vu des taux importants d'utilisation de l'amniotomie et de l'oxytocine, et ce malgré la diminution de fréquence constatée entre 2010 et 2016, nous avons étudié l'utilisation inadéquate de ces interventions. Nous avons en premier lieu évalué la fréquence et les facteurs associés à une telle utilisation. Ce travail a permis de montrer que l'utilisation inadéquate des interventions était fréquente (21.2% des femmes en travail spontané) et associée à des facteurs spécifiques : le bas niveau d'éducation maternelle, l'âge gestationnel à l'accouchement ¿41 SA, la dilatation cervicale à l'admission ¿6cm, l'analgésie péridurale, l'accouchement dans une maternité privé et dans une maternité réalisant <2000 accouchements/an. Puis nous avons évalué les conséquences maternelles et fœtales de l'utilisation inadéquate de ces interventions. Cette étude a montré que l'utilisation inadéquate était associée à une augmentation du risque de césarienne. Ces travaux apportent de nouvelles connaissances concernant le travail obstétrical en France, et fournissent des informations pertinentes pour les équipes obstétricales, mais également pour les femmes enceintes. Ils soulèvent également des questions qui font désormais l'objet de projets de recherche, en particulier un essai contrôlé randomisé multicentrique (STOPOXY) évaluant l'impact de l'arrêt de l'administration d'oxytocine en phase active du premier stade du travail sur la morbidité néonatale. |