Rétablissement et inclusion professionnelle : étude évaluative portant sur le dispositif Emploi Accompagné en France pour les personnes en situation de handicap psychique
Recovery and vocational inclusion : an evaluative study of the Supported Employment program in France for people with severe mental illness
par Marie-Gaëlle MAREC sous la direction de Bernard PACHOUD
Thèse de doctorat en Recherches en psychanalyse et psychopathologie
ED 450 Recherches en psychanalyse et psychopathologie

Soutenue le mardi 10 décembre 2024 à Université Paris Cité

Sujets
  • Autonomie
  • Conseillers en insertion professionnelle
  • France
  • Handicapés -- Politique publique
  • Handicapés psychiques
  • Insertion professionnelle
  • Lutte contre
  • Rétablissement (psychiatrie)
  • Stigmatisation (psychologie sociale)
  • Travail
  • 2000-....

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Mots clés
Santé mentale, Emploi Accompagné, Handicap psychique, Rétablissement, Inclusion professionnelle, Recherche évaluative, Compétences des conseillers en emploi accompagné, Lutte contre la stigmatisation, Autonomie, Droits humains
Resumé
Cette thèse décrit la mise en oeuvre effective du dispositif Emploi Accompagné en France pour les personnes en situation de handicap psychique de 2018 à 2021. Inspirée de la méthodologie IPS, reconnue à l'échelle internationale pour son efficacité en termes d'insertion en milieu ordinaire, cette pratique est reconnue et valorisée en France par les pouvoirs publics dans l'article 52 de la loi 2016-1088. Cette étude évaluative porte sur 27 structures médico-sociales réparties sur 25 départements et utilise une approche mixte, alliant méthodes quantitatives et qualitatives. Chaque structure a été caractérisée selon leur degré de fidélité IPS (échelle IPS-25 version Fr.), ce qui a permis l'identification de quatre profils distincts de structures. Leur performance en termes de taux d'insertion professionnelle et de maintien en emploi (au moins 6 mois) des personnes (N=1027) a été mesurée sur 18 mois. Les compétences des conseillers en emploi (N=71) ont été évaluées à l'aide de l'échelle BAKES. Des entretiens collectifs (N=27) ont été conduits auprès des équipes de chaque structure pour interroger les valeurs guidant leur pratique et les leviers d'efficacité identifiés. Une étude longitudinale du devenir des personnes accompagnées a également été menée pour tenter d'apprécier les effets de leur engagement dans le dispositif sur l'évolution de leurs perceptions du monde professionnel, leur qualité de vie subjective et leur rétablissement. Elle repose sur une série d'entretiens téléphoniques (N=173) avec les personnes, en 3 temps (à l'entrée, à 6 mois et à 1 an). Outre le recueil de leurs caractéristiques sociodémographiques, 8 questionnaires à dimensions professionnelles (4) et cliniques (4) leur ont été systématiquement proposés : motivation pour trouver un emploi, obstacles à l'insertion au travail (OITES), alliance de travail entre la personne accompagnée et son conseiller en emploi (WAI), stratégies de recherche d'emploi utilisées ; fonctionnement cognitif perçu (SSTICS), degré de sévérité des symptômes (BSI), bien-être mental (WEMWBS), rétablissement (RAS-24). La disponibilité d'aménagements de postes et de soutiens disponibles sur le lieu de travail des personnes a également été mesurée (WANSS) ainsi que leur qualité de vie au travail (QWL). Les résultats attestent de la mise en oeuvre effective du dispositif, avec un taux d'insertion professionnelle (51%) proche des standards internationaux et un taux de maintien en emploi (62%, au moins 6 mois) similaire à celui observé aux Pays-Bas. Hormis 1 structure, l'ensemble d'entre elles adhèrent à la méthodologie IPS, 16 obtiennent un degré de fidélité « convenable » (moy. = 92/125) et les 10 autres « bon » (moy. = 105/125). Toutefois, elles présentent des difficultés à respecter le principe de l'initiation rapide à la recherche d'un emploi, craignant une rupture de coopération avec les entreprises en cas d'échecs d'insertion. L'intégration à un service de soins n'étant pas le modèle retenu en France pour le dispositif, certaines structures présentent des difficultés de coopération avec les psychiatres locaux. Le niveau de compétences des conseillers a progressé depuis la période d'expérimentation du dispositif, atteignant un niveau proche de celui de leurs homologues au Canada et aux Pays-Bas. Toutefois, un turnover de conseillers entraînant l'interruption de quelques accompagnements a pu être observé au sein de certaines structures, soulignant la nécessité d'un soutien accru en interne et en externe par l'instauration de supervisions cliniques. Les personnes accompagnées déclarent percevoir leurs symptômes avec une moindre importance à 6 mois et à 1 an (RAS-24). Celles en emploi à 6 mois présentent une augmentation de leur bien-être (WEMWBS), résultat s'inscrivant en cohérence dans le cadre théorique selon lequel, exercer une activité professionnelle satisfaisante en milieu ordinaire est un vecteur potentiel du rétablissement des personnes en situation de handicap psychique.