Mots clés |
Epidémiologie, Dépistage, VIH, IST, Opportunités manquées, Notification aux partenaires, Microcosting, Interventions complexes |
Resumé |
Le dépistage est l'un des éléments clés pour interrompre la transmission du VIH et limiter les épidémies d'infections sexuellement transmissibles (IST), en recrudescence depuis les années 2000. L'objectif de la thèse est de contribuer au renforcement du dépistage du VIH et des IST, en s'intéressant d'abord aux opportunités manquées de dépistage du VIH au Maroc ; pour aller vers "Au labo sans ordo" une nouvelle stratégie visant à élargir et faciliter le dépistage du VIH en France ; puis la notification aux partenaires, une démarche permettant un dépistage ciblé des personnes exposées au VIH et aux IST. Au Maroc, seulement 20% des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut en 2012. Plus de la moitié étaient diagnostiquées au stade sida. Une étude menée à cette période auprès de 650 personnes nouvellement diagnostiquées pour le VIH au Maroc, a montré que 71% avaient eu recours aux soins dans les 3 années précédant leur diagnostic de VIH. Parmi les personnes ayant des symptômes évocateurs du VIH, 69% ont consulté un professionnel de santé sans qu'un test de dépistage du VIH leur soit proposé. Cette étude des opportunités manquées a apporté des éléments pour orienter les stratégies de dépistage du VIH au Maroc. L'expérimentation "Au labo sans ordo" (ALSO) consistait à proposer le dépistage du VIH sans frais, sans ordonnance et sans rendez-vous dans tous les laboratoires de biologie médicale de Paris et des Alpes-Maritimes, de juillet 2019 à décembre 2020. Grâce à la proximité et l'amplitude horaire des laboratoires, l'accès au dépistage du VIH s'est vu facilité. Une évaluation de l'activité de dépistage, du profil des usagers et des coûts grâce à un microcosting a montré qu'ALSO permettait d'augmenter le volume de dépistage du VIH, d'atteindre des personnes exposées au VIH, et cela pour un coût moindre. Ces résultats suggèrent qu'ALSO est complémentaire aux offres de dépistage existantes, et ont contribué à son déploiement au niveau national. La notification aux partenaires (NP) vise à aider les personnes recevant un diagnostic d'IST ou de VIH à informer leurs partenaires pour qu'ils accèdent au dépistage et au traitement ou à la prévention. L'objectif, à terme, est de pouvoir proposer des interventions de NP adaptées aux centres de dépistage français. Une revue systématique de la littérature a permis d'identifier des interventions de NP a priori efficaces. La NP étant une intervention complexe, la revue a permis de discuter des critères de jugements utilisés dans les essais contrôlés randomisés, et notamment, de mettre en évidence la nécessité de collecter des critères de jugement à chaque étape du processus de NP ; afin qu'une intervention efficace puisse être transférée à d'autres populations et contextes. Une étude observationnelle a décrit les pratiques de NP (sans intervention) des personnes recevant un diagnostic d'IST en centre de dépistage. Cette étude a ciblé 136 personnes particulièrement exposées aux IST. Parmi celles qui avaient un partenaire principal au moment de leur diagnostic, 98% ont informé leur partenaire principal. Parmi celles qui avaient des partenaires occasionnels, 65% ont informé au moins un partenaire occasionnel, 3 en médiane. En considérant l'ensemble des partenaires sexuels, un partenaire exposé sur cinq a été notifié. Cette étude a mis en évidence le besoin de construire des interventions pour aider les personnes à notifier les partenaires occasionnels, plus difficiles à contacter ou non considérés comme étant à risque. La thèse a mis en évidence l'importance de saisir toutes les opportunités pour offrir un dépistage du VIH et des autres IST : un recours aux soins pour dépister les personnes présentant des comportements à risque ou des conditions évocatrices du VIH, ainsi qu'un diagnostic d'IST ou de VIH pour dépister les partenaires sexuels exposés ; mais aussi la nécessité de multiplier les offres, tout en limitant les barrières structurelles, pour étendre le dispositif de dépistage. |