Enseignants, Expérience, Épreuves, Émotions, Travail émotionnel, Socialisation, Classe, Contrôle, Adolescent

La période contemporaine se caractérise par une attention particulière au « bien-être » des individus à l'école. La question du vécu et des émotions, notamment des enseignants, devient centrale. Elle fait alors émerger plusieurs constats qui interpellent, voire qui alertent. La sociologie depuis les années 1980 n'hésite pas à s'emparer de cette question, sous le prisme de « l'expérience » des acteurs, ou encore en focalisant l'investigation sur un champ émotionnel particulier. Le propos de cette thèse consiste alors à comprendre de manière globale l'expérience de l'enseignant émotionnel au collège spécifiquement dans la situation au cœur du métier : l'heure de classe. Il s'agit à la fois de décrire cette expérience : quelles sont les émotions que les enseignants vivent en classe, quel rapport entretiennent-ils avec et qu'est ce qui explique les variations d'un individu à l'autre, tout en étudiant la construction historique, sociale et structurelle de cette expérience. Ce travail de thèse s'appuie sur une ethnographie sociologique menée dans deux établissements, et une brève enquête en Allemagne. Il propose une description analytique de l'expérience émotionnelle des enseignants de collège pendant la classe, en présentant la manière dont ils vivent émotionnellement les grandes phases de l'heure de classe, et en analysant les variations d'expérience entre enseignants au prisme d'une diversité de facteurs. À partir de ce travail, se dégagent deux grandes épreuves de l'enseignant émotionnel. Les évolutions historiques, structurelles et sociales du système scolaire produisent un contrôle menacé et une confrontation à l'altérité adolescente en classe, qui fondent l'expérience émotionnelle des enseignants. Une comparaison avec l'école secondaire en Allemagne permet d'éclairer davantage cette production historico-sociale de ces épreuves.