ELFE, EDEN, GUSTO, Études de cohorte, Temps d'écran, Médias numériques, Développement de l'enfant, Développement cognitif, Résultat scolaire

La littérature montre qu'une utilisation excessive d'écrans est associée à la santé et au développement des enfants. Il existe de nombreuses études sur les associations entre l'utilisation d'écrans et le développement cognitif et les résultats scolaires des enfants, cependant, les preuves restent non concluantes. La plupart étaient transversales et focalisées sur le temps passé devant un écran, en particulier la TV, avec peu d'études longitudinales tenant compte du contexte d'utilisation comme la TV allumée pendant les repas en famille, ou englobant d'autres types d'écrans. Les facteurs sociodémographiques et comportementaux liés à la famille et à l'enfant sont souvent insuffisamment pris en compte. Pour combler ces limites, cette thèse s'appuie sur les données de trois cohortes d'enfants suivis depuis leur naissance en France (ELFE et EDEN) et à Singapour (GUSTO). L'objectif était d'évaluer les associations longitudinales entre l'utilisation des écrans (temps, TV pendant les repas) et le développement cognitif et les résultats scolaires de la petite enfance jusqu'à l'adolescence Cette thèse contient cinq études. La première examinait les associations entre l'utilisation d'écrans et le développement cognitif de 2 à 5,5 ans dans la cohorte ELFE. La TV pendant les repas à 2 ans, mais pas le temps d'écran, était associée à un moindre développement du langage à 2 ans et cognitif général à 3,5 ans. En transversal, le temps d'écran était négativement associé au développement cognitif général à 3,5 et 5,5 ans, mais positivement associé au raisonnement non-verbal à 3,5 ans. La deuxième étude examinait les associations avec les résultats scolaires dans la cohorte ELFE. Le temps d'écran à 2 et 3,5 ans était associé à une moindre littératie à 4 et 7 ans, mais pas à la numératie. Néanmoins, la TV pendant les repas était associée à de moins bons scores en littératie et numératie à 7 ans. La troisième étude a identifié les trajectoires de temps d'écran (2 à 11-12 ans) et les trajectoires de TV allumée pendant les repas (2 à 8 ans) dans la cohorte EDEN. Les trajectoires de temps d'écran n'étaient pas associées aux capacités intellectuelles à l'âge de 11-12 ans. Cependant, la TV parfois (vs jamais) allumée pendant les repas était associée à de moindres capacités intellectuelles non-verbales et générales. La quatrième étude a évalué les associations du temps d'écran de 1 à 8 ans avec la mémoire de travail à 9 ans et les résultats scolaires à 10,5 ans dans la cohorte GUSTO. Le temps d'écran cumulé était associé à de moins bons résultats scolaires, mais pas à la mémoire de travail. Les plus grandes tailles d'effet ont été trouvées pour le temps d'écran à 1 an, suggérant que la petite enfance est une période d'exposition plus sensible. La dernière étude a identifié cinq trajectoires distinctes du temps d'écran dans la cohorte GUSTO, montrant que la plupart des enfants avait une augmentation progressive du temps d'écran avec l'âge. L'ethnie, le lieu de naissance et l'éducation de la mère, et le temps de TV des parents étaient les principaux prédicteurs des trajectoires d'écrans. Dans toutes les analyses, la force des associations diminuait considérablement après ajustement pour les facteurs sociodémographiques et comportementaux, soulignant la présence de confusion. Cette thèse contribue de manière importante à la littérature sur le rôle de l'utilisation des écrans sur le développement cognitif et les résultats scolaires des enfants. Bien que les associations observées étaient de faible magnitude sur le plan clinique, elles restent pertinentes à l'échelle de la population, faisant de l'utilisation des écrans un sujet de santé publique à surveiller. Cette thèse apporte des preuves pour soutenir et améliorer les directives de santé publique actuelles sur les pratiques liées à l'utilisation des écrans. Elle appelle également à davantage d'études longitudinales bien conçues et à une meilleure prise en compte du contexte d'utilisation des écrans.