Transitude, Théorie ancrée, Complémentarisme, Accès au soin, Santé mentale

Cette recherche doctorale explore les difficultés d'accès aux soins psychiques des populations trans, malgré le constat, tant théorique que clinique, d'une importante détresse psychique. Elle s'inscrit dans une démarche inductive et complémentariste (Devereux, 1955 ; Mansouri, 2013) et vise à favoriser les paroles subjectives des personnes trans afin de comprendre leur trajectoire de soins psychiques, grâce à l'utilisation de la méthode d'analyse par théorisation ancrée (Glaser & Strauss, 1964). Elle propose une réflexion sur les façons dont les subjectivités trans ont été pensées et accompagnées à travers l'histoire et interroge, à travers la prise en compte d'enjeux socio-politiques actuels, la rencontre entre professionnel.les de santé mentale et personnes trans. Cette recherche est menée en collaboration avec le milieu médical et psychiatrique et avec le milieu associatif. Afin de saisir au mieux les différentes tensions et enjeux de ces relations complexes, il nous a semblé fondamental de nous immerger dans ces deux milieux. Intégrer le milieu associatif trans d'auto-support était une condition sine qua non à l'élaboration de cette recherche. L'objectif est ainsi de saisir, de l'intérieur, la place et le rôle que les associations trans constituent pour ces personnes. Il vise aussi et surtout à comprendre leurs relations et revendications à l'égard des professionnel.les de santé mentale. Intégrer des services spécifiquement dédiés à l'accompagnement des transitions de genre permet d'étudier les représentations et postures des professionnel.les spécialisé.es dans l'accompagnement des personnes trans, afin de comprendre les difficultés, d'interroger les résistances et les manifestations contre-transférentielles susceptibles de se manifester au cours de la rencontre. S'inscrire à la croisée de ces différents terrains et espaces en ayant « un pied dedans et un pied dehors », de par notre statut de chercheuse, nous a permis de les appréhender dans des mouvements d'allers-retours (entre les villes, les hôpitaux et les associations). Ces mouvements géographiques perpétuels et constants ont relancé sans cesse une dynamique de réflexion, tout en nous apprenant à naviguer au sein de ces espaces et à découvrir les différents codes régissant les interactions. Cette recherche s'appuie donc sur des entretiens individuels de recherche réalisés auprès de 27 personnes trans et de 7 parents, recruté.es dans des services hospitaliers d'accompagnement à la transition de genre et dans des associations trans d'autosupport. Ces données sont croisées avec des observations ethnographiques réalisées en milieu hospitalier et associatif, recueillies entre janvier 2021 et mai 2024.