Rôle de l'isoforme A du récepteur de l'insuline dans l'homéostasie et la carcinogenèse hépatiques
Role of the insulin receptor isoform A in liver homeostasis and carcinogenesis
par Fanny LEANDRE sous la direction de Christèle DESBOIS-MOUTHON
Thèse de doctorat en Oncogenèse
ED 561 Hématologie, oncogenèse et biothérapies

Soutenue le lundi 21 octobre 2024 à Université Paris Cité

Sujets
  • Carcinome hépatocellulaire
  • Homéostasie
  • Insuline -- Récepteurs
Un embargo est demandé par le doctorant jusqu'au 01 janvier 2027
Vous pouvez accéder au texte intégral de la thèse en vous authentifiant à l’aide des identifiants ENT d’Université Paris Cité, si vous en êtes membre, ou en demandant un accès extérieur, si vous pouvez justifier de de votre appartenance à un établissement français chargé d’une mission d’enseignement supérieur ou de recherche

Se connecter ou demander un accès au texte intégral

Les thèses de doctorat soutenues à Université Paris Cité sont déposées au format électronique

Consultation de la thèse sur d’autres sites :

Theses.fr (Version intégrale de la thèse (pdf))

Description en anglais
Description en français
Mots clés
Récepteur de l'insuline, Foie, Carcinome hépatocellulaire, Beta-Catenine, Apoptose, Tyrosine-Kinase indépendant
Resumé
Le récepteur de l'insuline (IR) est un récepteur à tyrosine kinase exprimé dans les hépatocytes. Il joue un rôle crucial dans la régulation du métabolisme et de la prolifération en réponse à l'insuline. IR existe sous deux isoformes, IRA et IRB, résultant de l'épissage alternatif de l'exon 11 du pré-ARNm codant pour le récepteur. IRB, l'isoforme longue, est exprimée par les hépatocytes adultes et relaie les voies classiques de l'insuline. IRA, l'isoforme courte, est la forme fœtale, déplétée de l'exon 11. Elle lie non seulement l'insuline mais également l'insulin-like growth factor-II (IGF-II) et la proinsuline avec une affinité 100 fois plus importante que IRB. Récemment, il a été démontré qu'une nouvelle fonction de IR augmente la sensibilité à l'apoptose des cellules en absence de liaison du récepteur à son ligand et indépendamment de l'activité tyrosine-kinase. Plusieurs études publiées au cours de ces dernières années ont montré une augmentation de l'expression d'IRA dans des foies pathologiques murins et humains atteints d'hépatite ou de cirrhose, ainsi que dans le carcinome hépatocellulaire (CHC), tumeur primitive du foie. Ces données soulèvent donc la question du rôle d'IRA dans la pathogenèse du CHC. Ainsi, l'objectif de ce sujet de thèse a été d'étudier pour la première fois le rôle de cette isoforme in vivo dans l'homéostasie et la carcinogenèse hépatiques à l'aide d'un modèle murin d'expression d'IRA. Pour ce faire, une stratégie CRISPR/Cas9 in vivo a été mise en place. Des AAV8 hépatotropiques exprimant la nucléase saCas9 sous le promoteur hépatospécifique TBG, ainsi que de petits ARN guides dirigés contre les introns 10 et 11 du gène Insr ont été développés pour exciser l'exon 11 du gène Insr. Ceci permet de substituer IRB à IRA dans les hépatocytes de souris adultes. Des AAV8 dirigés contre le locus neutre Rosa26 ont été développés pour les souris contrôle. Cette stratégie a été appliquée à des souris de type sauvage et à des souris présentant une activation constitutive de la voie beta-caténine dans le foie en raison d'une perte hépato-spécifique de la protéine APC (APCdHep) ou d'une mutation du domaine de dégradation de la beta-caténine (BCATdex3). L'activation de la voie beta-caténine induit le développement de CHC différenciés et de tumeurs indifférenciées de type hépatoblastome mésenchymateux. L'édition du gène Insr a été évaluée par PCR, l'homéostasie glucidique par des tests de tolérance au glucose et à l'insuline et le développement des tumeurs a été suivi par échographie. Nos résultats ont montré que l'expression à court terme d'IRA (2 mois) dans des hépatocytes sains n'induit pas de perturbations de l'homéostasie hépatique, mais son expression à long terme induit l'apparition de tumeurs spontanées (2/8 souris) non excisés dans Insr. Dans les modèles APCdHep et BCATdex3, l'expression hépatocytaire d'IRA induit une augmentation significative de l'initiation et de la multiplicité des tumeurs. Une proportion plus élevée de tumeurs différenciées a été observée chez les souris IRA/APCdHep par rapport aux souris Rosa/ APCdHep (85% contre 44%, p<0,0001). A un stade précoce de la carcinogenèse (50 jours), les foies des souris exprimant IRA montrent une prolifération accrue des hépatocytes activés pour la beta-caténine, ainsi que des signes d'inflammation et d'apoptose. IRA favorise ainsi la carcinogenèse hépatique par des mécanismes non-cell autonomous en modifiant l'environnement du foie. Nos données suggèrent un scénario de compétition cellulaire dans lequel les hépatocytes IRA sont éliminés par apoptose, laissant la place à la prolifération des cellules prénéoplasiques IRB/APCdHep. Cette stimulation de la carcinogenèse ne semble pas uniquement dépendante de la beta-caténine, car nous retrouvons ces mêmes résultats dans deux autres modèles de carcinogenèse hépatique induits par la NASH et par l'oncogène c-myc. lRA pourrait donc être considéré comme un facteur de risque du CHC.