Mots clés |
Union Soviétique, Effondrement, Trauma, Religion orthodoxe, Symbolique, Rites, Fonction paternelle |
Resumé |
L'effondrement de l'Union soviétique et de son gigantesque système idéologique a provoqué des changements considérables dans la vie psychique, culturelle et sociale des populations qui lui étaient soumises. Nous les avons observés au niveau des liens entre les couches sociales autant qu'entre les générations. Les individus ont perdu leur place dans la société. La transmission culturelle entre les pères et la nouvelle génération dite « postsoviétique » a été coupée. S'y sont ajouté la privation réelle des objets du désir ¿ et même du besoin ¿ ainsi que la disparition soudaine et non désirée des idéaux soviétiques. Tous ces éléments ont lourdement endommagé les repères identitaires de cette société qui est toujours en train de se construire et qui répète sans cesse dans le champ politique l'expérience traumatique de la perte et de l'effondrement de l'URSS. Après le trauma de la Pérestroïka et des bouleversements sociaux de cette partie du monde, les pays orthodoxes, et particulièrement la Géorgie voient un retour massif de la pratique religieuse, sous forme de l'« explosion » d'une religiosité inédite et très particulière en ce qui concerne la position psychique de la société, les rites, les symboles religieux et les figures paternelles. Les nombreux exemples que nous analysons montrent qu'il ne s'agit pas d'un simple « retour du religieux », mais bien d'une nouvelle forme de pratique dite religieuse, avec des néoformations hypermodernes et inédites qui se structurent et s'organisent autour de l'Église orthodoxe en tant qu'institution, ainsi que des figures paternelles religieuses et politiques. En 1991 l'Union soviétique s'effondre. Un système idéologique, politique et économique gigantesque s'écroule et laisse à sa place un vide traumatisant, non symbolisable pour la population née, formée et socialisée au sein d'un espace fermé et strictement séparé du reste du monde. Les repères symboliques et identitaires, mais aussi les fondements idéologiques ¿ avec les « pères » de cette idéologie ¿ ont disparu de la vie psychique, politique et culturelle du collectif. |