Autisme et placement judiciaire : le travail avec les parents présentant des fragilités psychologiques
Autism and judicial placement : the work with parents who have psychological weaknesses
par Fatma MAMOUNI sous la direction de Chantal LHEUREUX DAVIDSE
Thèse de doctorat en Psychologie. Psychanalyse et Psychopathologie
ED 450 Recherches en psychanalyse et psychopathologie

Soutenue le mardi 23 mars 2021 à Université Paris Cité

Sujets
  • Aspect psychologique
  • Autisme infantile
  • Enfants -- Protection, assistance, etc.
  • Narcissisme
  • Patients -- Coopération
  • Placement d'enfants
  • Rôle parental

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Mots clés
Autisme, Placement judiciaire, Dispositif institutionnel, Parentalité, Pathologie parentale, Blessure narcissique, Clivages, Alliance thérapeutique
Resumé
La clinique de l'autisme nous incite, encore aujourd'hui, à devoir réfléchir à la façon dont nous pouvons apporter une contribution pour faire avancer l'aide à apporter aux familles touchées par le handicap. Ces dernières années ont été marquées par la multiplication des dispositifs proposés pour venir en aide aux familles touchées. Du dépistage précoce, aux prises en charges multiples, en passant par l'accès à la scolarisation et le financement des divers traitements, les pouvoirs publics ont fait de l'autisme une priorité en matière de préoccupation de santé. Dans certains cas, l'autisme va se présenter au sein de familles déjà fragilisées par un parent ayant des troubles psychologiques, les confrontant à une incapacité à comprendre le comportement de leur enfant et une difficulté à effectuer le suivi médical et thérapeutique. Bien que l'autisme ne puisse être causé par la pathologie des parents, de nombreuses études ont mis en avant le lien qu'il pouvait y avoir entre la pathologie de la mère et les difficultés relationnelles avec son bébé. Cela va secondairement impliquer des failles dans l'attachement et peut induire des troubles chez l'enfant. Ce dernier n'ayant pas bénéficié d'un bon caregiving dès la naissance. Cette recherche est issue d'une pratique professionnelle au moment de la création d'une unité d'accueil pour enfants autistes appelée « Cellule d'Urgence Médicalisée ». Il s'agit d'un accueil en urgence d'enfants placés par le juge car les familles ne sont plus en mesure de s'en occuper ; l'enfant est considéré comme étant en danger au domicile familial. En effet, le travail dont il est question est issu d'une réflexion de plusieurs années dont l'origine a été le besoin indispensable d'intégrer les parents au travail institutionnel. L'importance de prendre en considération le vécu des familles s'est accrue ces dernières années et de nombreux travaux en ont prouvé l'efficacité. Cette thèse a pour objectif de présenter le travail d'accompagnement auprès de ces familles fragilisées et dont l'enfant vient d'être placé par un juge. Au début, il a été très difficile de penser à un travail avec les parents car l'équipe manifestait des appréhensions et était démunie quant à la façon de créer des relations dans un climat aussi délicat. Avec des parents fragiles et désorientés, il est arrivé que l'équipe se soit retrouvée dépassée voire impuissante face à l'attitude des parents. Ces derniers sont souvent envahis par un sentiment de culpabilité qui va impacter leur capacité à accepter le placement comme facteur favorisant la reconstruction du lien de façon structurée et accompagnée. Pour certains parents, la blessure va engendrer un déni se traduisant dans des projections inconscientes sur l'équipe créant ainsi un clivage au sein même de l'équipe. L'institution a parfois fait l'objet d'attaques et de menaces alors que tout le travail vise à aider les familles. Pour d'autres, le placement va être souhaité tant l'autisme de l'enfant entrave l'harmonie familiale ou personnelle, suscitant des conflits récurrents. Au-delà de la difficulté de la prise en charge d'une pathologie complexe chez des enfants coupés de tout repère affectif et cohérent, nous avons pu constater à quel point le travail avec les familles pouvait s'avérer plus difficile que l'accompagnement des enfants notamment pendant la période de confinement. Nous savons à quel point l'ajustement des postions parentales avec l'enfant associé à l'évolution psychique liée à l'acceptation du placement, va contribuer à recréer un lien « suffisamment bon » pour aboutir à une forme de réinvestissement de l'enfant. Tout au long de ce travail, nous allons voir comment le désir d'impliquer les parents a pu se réaliser au cas par cas pour favoriser une alliance thérapeutique durable