Les femmes construisent leur autonomie : conceptions et pratiques féministes dans les réseaux d'économie solidaire au Brésil
Women making their autonomy : feminist conceptions and practices in solidarity economy networks in Brazil
par Beatriz SCHWENCK sous la direction de Isabelle HILLENKAMP et de Bárbara Geraldo de CASTRO
Thèse de doctorat en Sociologie
ED 624 Sciences des Societes


Sujets
  • Division sexuelle du travail
  • Économie féministe
  • Économie sociale et solidaire
  • Femmes dans le développement économique
  • Mouvements sociaux

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Mots clés
Autonomie, Économie solidaire, Économie feministe, Division sexuelle du travail, Mouvements sociaux
Resumé
L'objectif de cette thèse est d'interroger la catégorie d'autonomie à partir des conceptions et des pratiques des femmes organisées dans l'économie solidaire au Brésil. Pour ce faire, la thèse explore les sens et les significations de cette catégorie du point de vue des femmes engagées dans l'économie solidaire. De plus, elle systématise les possibilités et les limites à l'exercice de l'autonomie, en tenant compte des conditions matérielles et subjectives et du contexte économique, social et politique dans lequel ces femmes s'insèrent. En utilisant la recherche-action féministe comme posture epistémologique et méthodologique et à travers d'entretiens et de visites de terrain, cette thèse se concentre sur trois réseaux féministes dans l'économie solidaire. Ces réseaux sont composés d'initiatives économiques ainsi que d'organisations d'appui et de soutien, qui jouent un rôle de conseil technique, de mise en œuvre de politiques publiques et de coordination politique. Les trois cas sont l'Association des femmes de l'économie solidaire de l'État de São Paulo (AMESOL), basée dans la Région métropolitaine de São Paulo ; le Réseau Xique Xique de commercialisation solidaire, organisé dans l'État du Rio Grande do Norte et basé à Mossoró ; et le Réseau national d'Economie Solidaire et Féministe (RESF), basé à Porto Alegre, dans l'État du Rio Grande do Sul. La thèse explore les relations ambivalentes qui se nouent entre les organisations de la société civile, l'État brésilien et les mouvements sociaux, en particulier le mouvement d'économie solidaire et le mouvement féministe, et les manières dont les revendications d'autonomie des femmes ont été traduites dans les politiques du Secrétariat National à l'Economie Solidaire et du Secrétariat à la Politique des Femmes au cours du cycle gouvernemental du Parti des travailleurs, de 2003 à 2016. Nous travaillons sur la catégorie de l'autonomie à partir d'une recherche multi-scalaire (au niveau de l'Etat, des mouvements sociaux, des réseaux solidaires, des initiatives économiques, des organisations d'appui et de soutien et de l'expérience des femmes) et multidimensionnelle (systématisant les facettes multiples et imbriquées de l'autonomie, telles que la dimension matérielle, la nécessité d'une division sexuelle du travail plus juste, la confrontation à la violence, la construction de relations de solidarité, de confiance et d'appartenance). A partir d'une approche féministe et substantive de l'économie et du politique, le lien entre production et reproduction sociale est problématisé, mettant en lumière le travail de care effectué par les femmes et les pratiques économiques encastrées dans des relations sociales concrètes (de réciprocité, de redistribution et d'autosuffisance) dans les initiatives économiques et les réseaux solidaires. Remettant en cause une approche libérale de l'autonomie qui la situe au niveau individuel et l'associe à l'idée d'indépendance, nous plaidons pour une conception de l'autonomie collective, fondée sur la reconnaissance et la construction d'interdépendances égalitaires entre les personnes et entre les groupes sociaux. Une telle approche, substantive, de l'autonomie permet d'analyser les relations de pouvoir, d'oppression et d'inégalités, ainsi que les voies par lesquelles construire une résistance collective et fondée sur des relations de solidarité.
Description en portugais