Narcissisme et relations d'objets dans l'expérience de la maladie d'Alzheimer : éclairage des méthodes projectives
Narcissism and object relations in the experience of Alzheimer's disease : contribution of projective methods
par Catherine FOURQUES sous la direction de Benoît VERDON
Thèse de doctorat en Psychologie
ED 261 Cognition, Comportements, Conduites Humaines

Soutenue le jeudi 01 décembre 2022 à Université Paris Cité

Sujets
  • Alzheimer, Maladie d'
  • Chez la personne âgée
  • Personnes âgées -- Tests psychologiques
  • Subjectivité
  • Symbolisme -- Aspect psychologique
  • Test d'aperception thématique
  • Test de Rorschach
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Mots clés
Rorschach, Tat, Scéno-Test, Maladie d'Alzheimer, Investissement objectal, Etayage du figuratif, Symbolisation
Resumé
Cette recherche doctorale se propose d'explorer le devenir du fonctionnement psychique d'hommes et de femmes âgés qui font l'expérience singulière de la maladie d'Alzheimer et plus précisément les réaménagements psychiques conséquents aux plans des investissements narcissiques et objectaux. Elle interroge les possibilités de rencontrer la personne malade dans son intériorité psychique, soutenant l'idée d'une conservation d'une subjectivité le plus souvent assombrie et peu accessible du fait des atteintes cérébrales, de la détérioration cognitive et de la désorganisation psychique. Cette recherche s'origine au sein d'une expérience clinique de terrain et s'inscrit dans l'approche contemporaine, humaniste et plurifactorielle de la maladie, incluant les dimensions sociales, médicales et politiques. Elle aspire à faire dialoguer sur le modèle complémentariste, l'approche psychanalytique avec celle des neurosciences cognitives et à montrer en quoi les paradigmes métapsychologiques se révèlent heuristiques pour repérer des signes parfois très discrets de vitalité psychique et de ressources potentielles nuançant une seule perspective déficitaire et quantitative. Après avoir présenté la sémiologie cognitive et comportementale, ce travail se centre davantage sur les processus de pensée mis à l'épreuve de la maladie dans leur dimension psychodynamique. La désorganisation singulière de l'appareil à penser et du travail de mémoire invite à penser l'action majeure de la maladie comme une attaque des processus de symbolisation qui sape les capacités de liaison entre les représentants de la pulsion et entre les différents éléments internes. La conservation de traces mnésiques à un état de traduction moins symbolisé (représentations de chose ou traces perceptives) se révèle une voie d'accès à l'intériorité de la vie psychique de la personne malade qui peine à se souvenir et à convoquer des objets internes potentiellement rassurants sur le plan narcissique identitaire et des investissements objectaux. Une étude longitudinale est organisée autour de deux temps de rencontre espacés d'un intervalle de 8 à 16 mois. Deux groupes sont constitués : un premier groupe de 6 hommes et femmes âgés de 85 à 90 ans vivant en institution gériatrique et présentant des troubles cognitifs dans le cadre d'une maladie d'Alzheimer ; et un second groupe, contrôle, de 6 hommes et femmes âgés de 86 à 96 ans sans troubles cognitifs et vivant en institution gériatrique. L'analyse des résultats basée sur l'étude d'un entretien clinique, d'un bilan neuropsychologique et de la passation de trois épreuves projectives (Rorschach, TAT, Scéno-test) montre que les qualités figuratives et sensorielles de l'objet externe, et les conditions de sa présentation constituent un étayage précieux des processus de symbolisation et soutient la qualité de la pensée tant sur le plan psychique que cognitif. De cette analyse, ressortent également un certain nombre de limites dues à la maladie : le caractère transitoire de ces capacités retrouvées signe la grande dépendance des personnes malades à leur environnement. Les qualités figuratives de l'objet apparaissent comme un étayage mais aussi comme une limitation de la pensée qui peine à se dégager de l'identité de perception. La présence de l'objet réel contient et retient l'expression du monde interne de la personne malade. Cette recherche ouvre des perspectives précieuses et fécondes dans l'adaptation du savoir-être, notamment des soignants en institution mais également des proches. Les potentialités de rencontre qu'elle met en évidence soutiennent leurs capacités empathiques et identificatoires et réduit l'inquiétante étrangeté parfois éprouvée. Enfin, la reconnaissance de la subjectivité malgré la sévérité des troubles soutient une vision humaniste de la personne malade et invite à penser les comportements troublés comme étant à la fois un signe déficitaire mais également, potentiellement une tentative d'expression de la subjectivité.