Mots clés |
Violence féminine, Traumatisme, Prison, Délinquance juvénile, Économie psychique |
Resumé |
Parler de violence chez les adolescents, c'est parler d'une activité essentiellement masculine. Au Liban, tous les chiffres fournis par les Forces de Sécurité Intérieure insistent sur le fait que la délinquance juvénile touche plus les jeunes garçons que les filles. Preuve en est, en octobre 2022, on constate une minorité de filles délinquantes face à celle des garçons en prison, sur 132 mineurs, nous comptons 14 filles. Les données indiquent que les agissements des filles semblent être moins visibles, plutôt auto-agressifs (sur leur corps) qu'hétéro-agressifs (les équipements de la maison familiale ou institutionnelle). Tandis que ceux des garçons sont produits dans des lieux publics. Parallèlement, partant d'une pratique clinique en milieu carcérale, nous nous sommes rendus compte de l'effet et la gravité de la violence qui réside dans les couches archaïques de la société libanaise. Une société qui vit incessamment les effets d'une guerre « fini et infini ». Une ambiance de violence implicite et explicite. Allant des motifs d'incarcération à celle des problématiques subjectives pouvant se faire entendre à la faveur des entretiens à visée thérapeutique, des passages à l'acte et des problèmes que nous avons vu avec les filles incarcérées dans la Maison de Réhabilitation de Daher el Bachek, qui forme une petite section de la Prison Centrale de Roumieh au Liban. Des vignettes ont été exposées dans le but d'en prélever la part transversale ou généralisable d'un fond singulier pour en tirer des conclusions faisant écho aux hypothèses formulées en amont. Cette méthodologie est utilisée comme une opportunité pour nous permettre de consolider notre désir de savoir et à être soumis à un examen critique. Elle nous a permis de mettre à l'étude les énigmes toujours particulières que nous lègue chaque patiente, parmi elles : des blessures anciennes et silencieuses qui accompagnent un malaise pré et post carcéral dont l'un des modes prévalent d'expression sans parole est l'agir violent. Ce qui ne fait pas équivaloir l'agir violent à une maladie mais à une rupture en quête de sens ou encore à une manifestation d'un défaut de sens. Le travail thérapeutique avec les filles détenues reçues comme patientes montre que le traitement par la parole peut être une opportunité pour initier une autre forme d'élaboration subjective par l'intermédiaire d'un moment de reconnaissance. Cette thèse vise-t-elle principalement à répondre aux questions suivantes : sous quelles formes la violence féminine se manifeste-t-elle ? Quelle économie psychique favorise-t-elle son installation et son déclenchement ? Nos vignettes cliniques porteront sur trois filles incarcérées pour deux raisons « Protection et Punition ». Notre méthode d'analyse psychanalytique se basera sur les verbatim des séances qui se sont déroulées sur une période d'un an et plus dans le but de comprendre l'organisation psychique derrière l'acte violent. |