Resumé |
Le vieillissement est caractérisé par le déclin multiple d'organes dont les évaluations et les événements à prévenir peuvent être communs, bien qu'en compétition. L'ostéoporose est caractérisée par une diminution de la densité et de la résistance osseuse prédisposant aux fractures. Son déclin est associé à un déclin des fonctions musculaires et à une réaction paradoxale du tissu adipeux. L'insuffisance rénale chronique prédispose aux fractures par fragilité et influe aussi sur la performance physique. Dans un premier article de revue de la littérature, nous avons étudié les liens et les chevauchements entre ces concepts pour mieux comprendre les phénomènes de vieillissement. Ainsi, on constate un manque de caractérisation des déterminants de la perte osseuse chez le sujet insuffisant rénal non dialysé. Dans le deuxième article, nous avons exploré les déterminants de la densité minérale osseuse (DMO) chez des sujets insuffisants rénaux non dialysés. Nous avons étudié la cohorte NephroTest, une cohorte multicentrique de suivi longitudinal de l'évolution de la fonction rénale (grâce à des débits de filtration glomérulaires mesurés). Au total, 858 patients avaient au moins une évaluation de DMO. Nous avons retrouvé en transversal que la Parathormone (PTH) & les phosphates étaient plus élevés, et la DMO plus basse à tous les sites de mesure. Ceci, de manière proportionnelle à la sévérité de la maladie rénale. Le suivi longitudinal de près de 4,3 ans en moyenne nous a permis de mettre en évidence que le déclin osseux chez l'insuffisant rénal non dialysé n'était visible qu'au site du poignet, ce qui correspond au site le plus cortical. Les déterminants qui étaient à l'inclusion associés à une DMO basse dans ce modèle linéaire mixte étaient : le sexe, le tabagisme, un indice de masse corporelle (IMC) bas et des PTH hautes. Dans la recherche de facteurs prédictifs d'une perte osseuse longitudinale, nous avons montré que ni la PTH initiale ni le stade initial de sévérité de maladie rénale chronique ne permettaient de prédire les changements de DMO. Cependant les modifications de DMO étaient associées à l'indice de masse corporel initial. Pour le troisième article de cette thèse, nous avons étudié une population d'obèses opérés de chirurgie bariatrique afin de savoir si celle-ci avait un effet à long terme sur leur DMO. Nous avons étudié une cohorte monocentrique de patients opérés de chirurgie bariatrique de manière transversale, à une longue distance de leur chirurgie. Des 159 patients obèses avec DMO, nous avons analysé 131 sujets ayant été opérés (51,8 ans, 87,8% de femmes). Ils étaient en moyenne à 6,8 ans de la chirurgie. Parmi eux, on dénombre 90 by-pass gastriques et 41 sleeve-gastrectomies. La perte de poids moyenne était de - 12,9 %. Les patients aux IMC les plus élevés avaient les DMO les plus hautes et des CRP plus élevées. L'analyse univariée a permis de montrer que les DMO étaient plus basses en cas de by-pass gastrique (p< 0,001) alors que les compositions corporelles étaient semblables. On retrouve des PTH plus élevées dans ce même groupe. Dans l'analyse multivariée à la recherche des déterminants de la DMO, nous avons montré qu'en ajustant sur l'âge, l'IMC, le sexe, l'ethnie et le type de chirurgie, on ne retrouve que la ferritine comme marqueur dans le modèle final, voire l'acide urique dans une moindre proportion. Les associations les plus fortes étaient à la hanche et non à la mesure au rachis (bien qu'ils n'y aient que 10,1 % de calcifications vasculaires). Ni l'amplitude de la perte de poids, ni les vitamines dosées n'ont d'impact sur la DMO à cette distance. L'analyse de ces deux situations nous montre que les paramètres biologiques utilisés comme déterminants de la DMO semblent moins pertinents que des marqueurs cliniques simples comme l'âge, le sexe et l'IMC. Les travaux à venir devraient se centrer sur l'étude des déclins multiples de manière la plus longitudinale possible. |