Mots clés |
Georges Canguilhem, Psychologie, Philosophie, Médecine, Psychiatrie, Psychanalyse, Daniel Lagache, Méthode clinique, Science, Sujet |
Resumé |
Cette thèse se propose de réexaminer la relation entre Canguilhem et la psychologie. Pour saisir cette relation, la psychologie ne doit pas être définie comme une discipline déjà donnée mais comme le nom d'un problème. C'est depuis une réflexion de droit sur la spécificité du point de vue psychologique que Canguilhem examine les différentes méthodes psychologiques déjà constituées. Si Canguilhem critique des psychologies, il conçoit systématiquement dans le même temps, comme pour d'autres examens, les conditions de toute psychologie valable. Dans le cadre de ses cours de psychologie du secondaire (1929-1940), il propose sa propre méthode psychologique. Elle se veut vraiment ou effectivement psychologique, en contradiction critique avec les méthodes objectives. Dans la continuité de la tradition de la « psychologie réflexive », cette « psychologie critique » se reconnait d'importantes familiarités avec Freud et Bergson pour leur prise en compte de l'originalité du point de vue psychologique. Ce dernier désigne le point de vue du sujet en général, qu'il soit conscient ou non, où les phénomènes considérés sont inséparables, par définition, d'une subjectivité pratique et théorique. La psychologie désigne pour Canguilhem l'étude compréhensive et explicative, individuelle et concrète de la subjectivité définie comme activité pratique et théorique, toujours déjà engagée, aux prises avec des conflits normatifs. Elle consiste à rapporter la présentation matérielle d'une troisième personne à une première personne. Elle désigne au départ, de façon métaphysique en s'ouvrant progressivement à des possibilités empiriques, toute réflexion portant sur les activités subjectives en général. La thèse de médecine de Canguilhem peut ainsi être reconnue, de son propre point de vue, comme un geste psychologique à l'endroit du vivant. Ce geste est la substitution du problème de la vie à celui de l'esprit par internalisation du second dans le premier, en cohérence avec une réforme générale de la théorie du sujet comme activité normative, inconsciente et irréfléchie. Cette substitution invite à concevoir une identité formelle entre psychologie et médecine du fait de leur même rapport problématique à l'ambiguïté de la méthode clinique comme mode de connaissance à la fois subjectif et objectif. Nous montrons la familiarité théorique chez Canguilhem des concepts positifs de psychologie, sujet et clinique. L'ambiguïté de la clinique est le problème interne au projet d'unification des méthodes psychologiques de Lagache. Ce problème doit être incessamment reposé. Étudier la relation entre Canguilhem et la psychologie ne peut que consister à reposer la question de savoir ce qu'est la psychologie pour reconnaitre derrière ce nom une pluralité de méthodes et de projets dont la compatibilité n'a jamais été donnée. Cette compatibilité est le nom du problème psychologique lui-même. La méthode clinique est la tentative de le résoudre. |