Resumé |
Ce travail de recherche porte sur le vécu d'adolescent.e.s et jeunes adultes se définissant comme non-binaires et amène un questionnement plus large sur la construction identitaire à cet âge et l'inscription du sujet dans un contexte culturel donné.Ces dernières années ont vu une augmentation d'énonciations identitaires dites non-binaires qui dépassent les acceptions binaires femme-homme, s'exprimant alors sur un continuum entre femme et homme (e.g. bigenre,genderfluid) ou au-delà de la notion de genre (e.g. agenre, xénogenre). Objet de recherche depuis près d'une dizaine d'années à l'international, la non-binarité est peu évoquée sur la scène scientifique française ou bien se voit abordée de manière théorique. Aussi, ce travail de recherche est l'occasion de mieux comprendre les enjeux rencontrés par les personnes se définissant comme non-binaires, leurs réalités, leurs besoins, l'accompagnement psycho-médical qui est aujourd'hui fait en France dans le cadre de démarches d'affirmation de genre et ce que leur situation permet de penser de l'identité de genre chez tout.e un.e chacun.e.Pour ce faire, nous avons rencontré 79 jeunes adultes entre 16 et 25 ans et qui se définissent comme non-binaires,mais également femmes, hommes, accolant parfois le terme « trans » pour marquer leur différence d'avec une personne cisgenre, ainsi que des personnes en questionnement. Chaque entretien comprend une partie semi structurée et deux questionnaires remplis ensemble qui visent à constituer des données quantitatives mais aussi et surtout à discuter de la pertinence de l'outil questionnaire en recherche. Si l'analyse qui est ensuite faite des entretiens se construit depuis une perspective psychanalytique, nous avons recouru à la méthode d'analyse phénoménologique(IPA) afin d'en systématiser la mise en oeuvre, donnant alors lieu à une analytique thématique via le logiciel NVivo età une analyse lexicométrique via le logiciel Trope.De tout ce travail de recueil et d'analyse, nous tirons un ensemble de connaissances dont l'objectif est d'aider les professionnel.le.s de santé et toute personne intéressée par ces sujets à mieux saisir les enjeux de se définir comme non-binaire sur le plan individuel et groupal, notamment dans une population de jeunes adultes. De plus, au-delà des enjeux d'une pluripartition sociale, le vécu non-binaire amène davantage à interroger le concept de classification lui même.En ce sens, si les personnes non-binaires n'échappent pas aux représentations de genre du contexte culture ldans lequel iels s'inscrivent, la créativité dont iels font preuve pour « créer [leur] propre truc » s'avère précieuse pourpenser le processus de subjectivation et l'individuation. Aussi, la comparaison des différents groupes de participant.e.sa pu montrer un certain nombre de différences et de similitudes qui attestent autant d'un ancrage des normes de genre que d'une réflexion en profondeur sur ce que l'on souhaite élaborer et transmettre à la génération suivante |