Resumé |
Introduction : Le cancer épithélial de sous-type histologique séreux de haut grade (HGSOC) est la première cause de décès par cancer gynécologique. Les traitements actuels ciblent principalement les cellules tumorales. Néanmoins, les cancers ovariens de haut grade représentent des cancers plus complexes, constitués non seulement de cellules cancéreuses ou autrement appelées cellules épithéliales, mais également d'un microenvironnement stromal et immunitaire. Les fibroblastes représentent le composant majeur du microenvironnement tumoral. Mon laboratoire d'accueil a identifié 4 sous-populations de fibroblastes ou CAF, appelés CAF-S1 à -S4. Contrairement aux CAF-S2 et -S3 détectées aussi dans les tissus sains, les CAF-S1 et -S4 sont strictement détectées dans le tissu tumoral. Les fibroblastes CAF-S1 sont associés à un microenvironnement immunosuppresseur, et présentent avec les CAF-S4 des fonctions pro-métastatiques. Mon projet vise donc à définir l'impact de la chimiothérapie sur les sous populations de CAF. Méthodes : Le but de mon projet de thèse consiste à déterminer la quantité et la qualité du microenvironnement tumoral dans les échantillons HGSOC avant et après la chimiothérapie. Nous avons caractérisé par immunohistochimie (IHC) la présence des sous populations fibroblastiques ainsi que des cellules immunitaires et épithéliales dans des échantillons de cancer ovarien provenant des patientes. Nous avons aussi caractérisé les sous-populations fibroblastiques et immunitaires dans les échantillons tumoraux frais de patientes, par la méthode de cytométrie en flux (FACS). De plus, nous avons utilisé des lignées primaires fibroblastiques CAF-S1 provenant des échantillons de patientes atteintes de cancer ovarien pour des analyses fonctionnelles in vitro. En effet, nous avons effectué des co-cultures des cellules fibroblastiques CAF-S1 avec des cellules CD4+CD25+ ou avec les cellules CD8+. Enfin, nous avons effectué des analyses transcriptomiques à partir des tumeurs des modèles murins PDX de cancer ovarien de haut-grade, avant et après le traitement par chimiothérapie, dans le but d'identifier les voies de signalisations impactées par le traitement. Résultats : Le premier objectif de mon travail de thèse a été d'analyser l'impact de la chimiothérapie sur le microenvironnement stromal et immunitaire dans les cancers ovariens de haut grade (HGSOC). L'étude des cohortes rétrospective et prospective nous a permis de démontrer qu'après chimiothérapie, les CAF-S1 et CAF-S4 diminuent nettement alors que les cellules immunitaires infiltrent la tumeur après chimiothérapie. Or, seule la diminution des CAF-S1 est associée à la ré-infiltration des lymphocytes T, en particulier des CD8+ cytotoxiques, après chimiothérapie. De façon intéressante, la diminution des CAF-S1 immunosuppresseurs après chimiothérapie a été confirmée par des analyses transcriptomiques du stroma dans le modèle PDX de cancer ovarien de haut grade. En effet, les CAF-S1 sont caractérisés par une activation de la voie de signalisation YAP/TAZ TEAD. De plus, la diminution de l'expression de YAP1 dans les CAF-S1 a été démontrée dans les modèles PDX ainsi que dans la cohorte des patientes après chimiothérapie. Grace aux analyses fonctionnelles, nous avons démontré que lorsque nous désactivons YAP1 dans les CAF-S1, l'activité des cellules régulatrices diminue, ce qui se traduit par une augmentation significative des fonctions cytotoxiques des CD8+. Ainsi nous avons souligné que la diminution des fibroblastes CAF-S1 ainsi que l'inhibition de la voie YAP/TAZ TEAD favoriserait le ré infiltration immunitaire après chimiothérapie. Conclusion: Mes données soulignent que le mécanisme contrôlant la fonction immunosuppressive des CAF-S1 est dépendent de la protéine YAP1 soulignant ainsi un mécanisme immunitaire relié à une dépendance au stroma après chimiothérapie, jamais étudié à ce jour. |