Mots clés |
Géoarchéologie, Paléoenvironnement, Holocène, Vallée de lEure, Bassin de Paris |
Resumé |
Située aux portes de l'Île-de-France, à l'interface entre trois départements (Eure - 27, Eure-et-Loir - 28, Yvelines - 78), la vallée de l'Eure est un espace aujourd'hui moyennement peuplé qui appartient à l'aire d'influence de la mégarégion parisienne. Les paysages de cette vallée secondaire, affluente de la Seine en rive gauche, ont été modelés dès la Préhistoire par des communautés humaines aux influences culturelles multiples, à l'origine d'une succession de divisions territoriales aux contours mouvants depuis le Néolithique. En dehors d'investigations géomorphologiques ponctuelles initiées à la fin du XXe siècle par Yvette Dewolf, la vallée de l'Eure est restée en marge des développements récents de la recherche scientifique en dépit d'un riche potentiel géoarchéologique. Le désintérêt relatif de cette portion de territoire vient probablement de son éloignement des grands centres urbains et de son statut majoritairement agricole qui ne donne lieu qu'à peu de projets d'aménagement, et par conséquent d'opérations d'archéologie préventive. Dans ce contexte, la volonté de reconstituer les dynamiques socio-environnementales de la moyenne vallée de l'Eure à l'échelle de l'Holocène a conduit à mettre en place une approche géoarchéologique originale accordant une large place aux méthodes de prospection non-invasives (e.g., imagerie aéroportée par drone), en complément de méthodes d'investigation plus classiques (prospections au sol, profils géophysiques et géoradar, sondages sédimentaires et levés de coupes stratigraphiques, datations radiocarbone). L'analyse croisée des marqueurs géomorphologiques et archéologiques dans une perspective multi-scalaire et diachronique a révélé : (1) une métamorphose synchrone de l'Eure qui semble s'opérer avant le Néolithique récent/Bronze ancien (avant 4800 cal. BP - 4000 cal. BP) et (2) la variabilité spatiale des dynamiques hydro-sédimentaires de ses sous-bassins de rive droite au cours de la seconde moitié de l'Holocène. Le déploiement d'une approche géopatrimoniale appliquée aux sites d'intérêt géoarchéologique - ou géoarchéosites - de la moyenne vallée de l'Eure constitue un autre apport important de cette recherche doctorale, par les éléments nouveaux qu'elle fournit tant en matière de connaissance et de méthode d'inventaire, que de réflexion vis-à-vis de la conservation et de la valorisation patrimoniale de ces sites. En particulier, l'approche par « réseaux » des géoarchéosites s'est avérée essentielle afin (1) de questionner les modalités d'occupation et d'exploitation du milieu biophysique par les sociétés humaines depuis le Néolithique et, (2) d'ouvrir la réflexion sur la définition et la reconnaissance d'un patrimoine géoarchéologique ordinaire |