Approche psychanalytique de la disparition : des figures de mères à corps perdu
Psychoanalytical approach to disappearance : mothers confronting lost bodies
par Frida BEN ATTIA sous la direction de Laurie LAUFER
Thèse de doctorat en Recherches en psychanalyse et psychopathologie
ED 450 Recherches en psychanalyse et psychopathologie

Soutenue le samedi 01 avril 2023 à Université Paris Cité

Sujets
  • Deuil (psychanalyse)
  • Émigration et immigration
  • Langage
  • Méditerranée (région)
  • Mères
  • Personnes disparues
  • Psychanalyse
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Mots clés
Disparition, Deuil, Corps, Mères, Migrants, Topologie, Oralité, Langage, Lacan, Freud
Resumé
En 2011, 22000 migrants traversent la Méditerranée du sud au nord, et se perdent. L'ambiguïté de leur perte met en scène une implosion chez leurs mères : depuis la minutie de l'intimité et jusqu'à la sphère publique. Non résolue à certifier la mort, dans l'absence totale d'un corps, la mère mue ainsi "mère d'un enfant disparu", se découvre incapable de dé-poser la perte dans un espace-temps fixe et bien déterminé. De cette crise, aux sources d'un interminable flottement se dessine pour le sujet un récit commun d'anomie. En cherchant à dépeindre l'irreprésentable, elle multiplie « les tentations » d'un continuum dans lequel elle veut surtout être le quartier-maître. Mais, pour éviter la confrontation avec une effraction du réel, la mère, ainsi piégée dans l'errance, vise à refondre le lien à l'objet dans un ordre structurant de l'intime. Pour l'inconscient, c'est le début d'un processus d'invention singulière. Dans la parole, elle agence le nouvel espace-temps de vecteurs ascendants (visuels, narratifs) qui se « découvrent » progressivement dans le langage, parvenant ainsi à retracer une forme d'évolution rituelle dans l'intime qui émerge du désir de l'autre, et une révolution publique et sociale dans « l'extime » pour traverser vers un deuil inachevé. Plusieurs expériences dans le monde, comme celle en Argentine, ont déjà révélé cette appropriation de l'agora comme un destin commun aux mères. La chose publique est de fait ce champ d'extension d'une narration. Cependant, l'étude de cas de la mère tunisienne, doublement baignée dans une oralité structurante (orientale, méditerranéenne), nous a conduit à soupçonner une autre facette de la perte : si l'absence du corps empêche les rituels funéraires, la préclusion funéraire anime le rituel d'une substitution que supporte le langage. Ainsi, à tombeau ouvert dans l'espace public, la mère appose un nom à l'objet perdu, et devient la narratrice omnisciente d'une récitation - destin du délire - qui « équivaut » sa culpabilité de mère. Tout est puisé dans une société dans laquelle la « narration » est d'abord divine. Dieu est avant tout une manifestation « d'une parole qui se détache de sa voix ». Elle remplit une fonction d'autorité nécessaire au sujet dans sa déconstruction du récit, et constitue ainsi une anthropologie structurelle pour la traversée du deuil.