Resumé |
Dans l'Algérie D'aujourd'hui la permanence de la question coloniale est criante, l'histoire des colonisés Algériens semble démarrer à partir d'une supériorité "originelle" des colons, liée à la conquête de leur pays. C'est à partir de ce moment fondateur, qui parait inscrit dans la mémoire collective, que se structurent des rapports de forces et de sens dont on trouve encore aujourd'hui des échos. Ce travail de recherche, basé sur un long travail de terrain, constitué d'un corpus de témoignages d'exilés algériens, révèle un rapport complexe et ambigu à la France, mettant ainsi à jour le traumatisme de la colonisation, qui a joué un rôle majeur dans la construction dans l'inconscient collectif, d'une image à la fois dévalorisée de soi en tant qu'indigène et d'une image intériorisée comme supérieure de l'autre, le colon dominant. Le désir d'exil est-il une volonté de combler un manque, une perte liée à cette histoire coloniale ? Nous avançons l'idée selon laquelle l'exil serait une quête de ce paradis perdu décrit par Sayad. Cette thèse s'articule autour de trois parties. La première dévoile la relation étroite entre l'histoire de l'émigration algérienne en France et les traumatismes de l'histoire coloniale. La seconde partie qui analyse les réponses au questionnaire sur le désir d'exil, montre comment l'exclusion du lieu, l'exil à domicile, et l'impact du trauma colonial contribuent à la construction d'un processus d'idéalisation dans l'imaginaire collectif qui pousse à l'exil. Enfin, la troisième partie est consacrée à l'analyse clinique d'el harga, nous tentons ici de cerner les motifs conscients et inconscients qui poussent au « passage à l'acte migratoire », et de comprendre comment, dans ces cas de figure, la nécessité de rupture avec les attaches premières constitue un processus de subjectivation. |