Foyer de vie, Autonomie, Pudeur, Intimité, Accompagnement, Droit, Protection, Discernement, Consentement

Handicap et sexualité ont longtemps divisé personnes en situation de handicap, familles et/ou représentants légaux, institutions et leurs professionnels, constituant sources de désaccords, de discordes, de malentendus, de méfiance et de défiance. Les dernières évolutions des regards portés sur le handicap ont influencé les conceptions et les représentations sociales de la question, avec le développement d'un intérêt particulier pour la recherche, pendant que la législation tente de participer aux débats, donnant timidement des indications pour la promotion du sujet mais sans être en capacité de dire quelle direction prendre. La question de la norme dans la sexualité dans toute société se pose à l'enfance, à l'adolescence et à l'âge adulte. Comme le soulignait Freud (1913, p. 203) « c'est de la sexualité infantile que découle la sexualité normale de l'adulte » ; C'est d'elle que dépendra la structuration des formes de sexualité adulte, qu'elles soient normales ou pathologiques. Jung (1995, P. 218-242) souligne l'importance du rôle des difficultés des conditions d'existence, les contrariétés et la lutte pour la vie qui nous accablent, les situations extérieures pénibles au contraire qui ne seront pas contrariantes, mais nous amèneront à plus d'efforts jusqu'à l'inscription de notre libido dans la réalité. Comment la personne en situation de handicap pourrait-elle alors y trouver sa voix, se réaliser et s'épanouir à partir du moment où, comme le déclare Jung, « Le conflit entre éthos et sexualité n'est pas aujourd'hui une simple collision entre instinctivité et morale ». En nous appuyant sur l'expérience singulière d'un foyer de vie accueillant des personnes en situation de handicap, nous avons voulu faire le tour de la question de très près, en écoutant les personnes en situation de handicap et les personnes qui les accompagnent. L'étude qualitative a permis de mettre en lumière les obstacles et leviers à l'accès à la vie relationnelle, affective et sexuelle de ce public. Il y a un potentiel espace d'accompagnement à élaborer, à négocier. Au-delà des paradoxes du travail social (Autès, 2013), particulièrement de l'accompagnement comme le double statut paradoxal de la personne en situation de handicap mental - adulte donc responsable mais altération de cette responsabilité par le handicap - (Barillet-Lepley, 2003), forces et faiblesses de la structure ont été identifiées et des esquisses de réponses ont été apportées aux attentes des résidents. Certes de par sa vulnérabilité la personne en situation de handicap doit être protégée. Mais l'exercice de ce devoir par ceux qui en ont la responsabilité ne doit pas empêcher la personne en situation de handicap d'accéder sainement à une vie relationnelle, affective et sexuelle épanouissante.