Resumé |
En quoi les mobilisations des partis politiques sous protectorat sont-elles tributaires de la nécessaire question de légitimation ? A travers l'étude des discours émis par les militants tunisiens sous protectorat, il apparait que l'émission de revendications (pour plus de justice sociale, entre autres) est corrélée, dans le corps du discours, à la nécessité de légitimer la position de porte-parole des Tunisiens. Cette légitimation est triple puisqu'il s'agit pour ces militants de prendre position face à l'administration coloniale, aux colons (à proprement parler) mais également face aux Tunisiens eux-mêmes. Ainsi, cette problématique modèle la forme des discours et les types de mobilisation. On retient souvent l'année 1934 comme l'avènement d'une ère nouvelle dans l'histoire du nationalisme tunisien, avec la scission du Destour et l'émergence d'une génération jeune et pragmatique, dont on compte Habib Bourguiba. En vérité, l'année 1934 n'est en fait que la cristallisation, le pinacle de ces querelles de légitimité qui commencent dès le début du siècle. Les sources formant le corpus sont des discours au sens large : on trouve ainsi des discours émis en place publique ou lors de congrès, les articles de presse, les tracts, les pamphlets. L'étude des stratégies discursives s'inspire de méthodes empruntées à la sociolinguistique. La question de la légitimité est fondamentale puisqu'elle définit qui sont les porte-parole des Tunisiens et par conséquent qui jouit d'une autorité politique, en contexte colonial et après l'indépendance. |