Difficulté scolaire, Équipe enseignante, Processus groupaux, Groupe informel, Clinique institutionnelle, Transfert, Inclusion scolaire, Psychanalyse groupale, Homographie de scénarios, Contiguïté

Que se passe-t-il au sein des équipes enseignantes confrontées à des situations de souffrance générées par la grande difficulté scolaire, lorsqu'il n'existe pas de dispositif de dépôt et d'élaboration des conflictualités psychiques, comme cela est majoritairement le cas dans les écoles primaires ? Dans ce contexte, l'approche psychanalytique groupale pourrait ouvrir d'autres voies pour penser l'accompagnement des équipes enseignantes dans un travail de remaillage des enveloppes contenantes et de leur intériorisation afin de soutenir les processus de transformation nécessaire à toute situation d'apprentissage dans le groupe classe. L'accompagnement psychologique à l'école primaire est à l'interface d'un travail de liens entre les groupes soutenant l'enfant en difficulté scolaire. Cette dynamique groupale influe ainsi sur ses capacités à atteindre des niveaux de complexifications différentes de symbolisations. Elle module sa capacité à s'investir dans les processus d'identification, d'étayage et de transformation qui constituent les processus d'apprentissage. La grande difficulté scolaire, celle qui perdure malgré les adaptations pédagogiques, questionne les processus sous-jacents à la transmission des objets de connaissance entre l'équipe enseignante et l'enfant en difficulté. Elle génère des situations de souffrance psychique de part et d'autre, explosives dans les passages à l'acte ou silencieuses dans ses inhibitions. Dans les deux cas, ses effets entraînent un délitement des assises narcissiques chez les enseignants et les enfants, ainsi qu'une fragilisation des liens intersubjectifs entre les différents acteurs dans la relation pédagogique. Notre recherche se fonde sur l'observation clinique de groupes d'enseignants in situ, dans leurs configurations groupales formelles lors des réunions instituées (conseil des maîtres et de cycle, équipes éducatives) mais aussi dans leurs configurations groupales informelles, en marge des réunions instituées. Comment ces groupes informels sont-ils investis par les enseignants ? Quelles en sont leurs fonctions ? L'objectif est d'analyser, dans un premier temps, l'articulation entre la contenance des cadres-dispositifs co-pensés par les enseignants et la fonction transformatrice et régulatrice des processus psychiques groupaux au sein de ces différents groupes. Il s'agit, dans un second temps, de dégager les éléments opérants sur lesquels les groupes vont prendre appui pour retisser et se réapproprier des enveloppes contenantes au sein des ensembles plurisubjectifs de l'institution scolaire. A l'issue d'une recherche préliminaire selon une « approche processuelle inductive », nous avons posé l'hypothèse générale suivante : la formation de groupes informels d'enseignants soutient une décondensation des impensés par une relance de la capacité de rêverie, source d'un remaniement au sein de l'équipe, favorable aux processus de formation et d'intériorisation d'enveloppes contenantes par des phénomènes de « contiguïtés ». Cette hypothèse a été mise au travail sur un second terrain au regard de trois conditions concernant les fonctions transformatrice et régulatrice des processus groupaux: i) celle opérée par les enveloppes corporelles, sensorielles et psychique suffisamment contenantes dans le passage des éléments peu ou pas psychisés (pulsions et affects) à des niveaux de symbolisations plus complexes ; ii) par les processus de transmission des objets de connaissances, investis sur les axes filiatif ou affiliatif; iii) et par la production de « récits efficaces » issus des champs associatifs groupaux. Les résultats nous amènent à une proposition d'homographie des scénarios de situations de la grande difficulté scolaire, se déployant sur une boucle temporelle rétroactive, entre les groupes classe-institué-informel.