Mots clés |
Syriens, Allemagne, Migration, Réfugiés, Déplacement subjectif, Soufrance d'identité, Exil, Clinique d'exil, Appartenance, Identité |
Resumé |
L'exode de la population syrienne est le drame humanitaire dont la violence a le plus marqué le monde au début du nouveau siècle. Au cours des cinq premières années du soulèvement populaire, qui s'est rapidement transformé en une guerre totale, deux tiers de la population du pays étaient déjà en exil, soit à l'intérieur du pays, soit dans les pays voisins, soit en cherchant à rejoindre l'Europe, en particulier l'Allemagne, à travers les moyens les plus radicaux. La chancelière de l'époque, Angela Merkel, a ouvert l'Allemagne pour accueillir environ un million de citoyens syriens et d'autres personnes touchées par le conflit. De tous les maux de la guerre et du déplacement, la souffrance subjective qu'implique la perte de sa place dans le monde reste l'une des plus difficiles à expliquer. En Allemagne, pays qui a subi un immense impact culturel avec l'arrivée des Syriens, et qui a cherché à mettre en œuvre l'accueil le plus techniquement exemplaire, les cliniques d'accueil et les études cherchant à comprendre les formes de souffrance psychique des arrivants se sont multipliées. Cependant, la dimension de l'écoute de l'inconscient est restée en dehors de l'équation. Soit parce que les efforts de l'accueil se sont concentrés sur un seul point, celui des traumatismes de guerre, soit parce que la politique d'accueil adoptée par l'État allemand visait avant tout à fournir une main-d'œuvre qualifiée à court et moyen terme pour un marché souffrant d'une pénurie de travailleurs, les formes de souffrance culturelle vécues par les réfugiés syriens en Allemagne sont restées sans lieu, symptôme très caractéristique, d'ailleurs, d'une hospitalité conditionnelle, d'un coté, et du sentiment de déplacement, de l'autre. Cet écrit a cherché à étudier les modes de souffrance actualisés de cette population, qui porte déjà la marque de l'exil depuis des temps immémoriaux, bien avant de connaître l'exil allemand. Certains des personnes et des groupes en activité ont été accompagnés, notamment dans la ville de Berlin, à partir d'un simple travail d'écoute anthropologique basé sur l'éthique de la psychanalyse. L'un des accompagnements est devenu effectivement clinique et a été effectivement consolidé en tant que tel pendant la période précédant la pandémie, donnant à cette étude de nombreuses subventions théoriques. Ce cas a permit d'illustrer quelques représentations qui conditionnent et génèrent l'angoisse chez les individus, hommes et femmes, et auprès des groupes identificatoires qui sont partie constitutive de la subjectivité syrienne, hantée par un malaise extrême face à l'autre. Peu à peu, nous comprenons que la fuite vers la vie peut être vaine si l'on ne trouve pas d'espace pour ré-élaborer le sens de la vie, de l'identité et de la communion. Du côté allemand, ce travail a cherché aussi à entreprendre une écoute culturelle, présentée souvent à la limite de l'essentialisme des représentations et des coutumes. Le principal constat en est que l'arrivée des réfugiés syriens a généré un malaise qui a également catalysé les représentations qui étaient sous-jacents dans cette culture, en attente de leurs personnages. L'étude, enfin, présente le complexe inconscient qui circule dans les vides de cette traversée culturelle et subjective spécifique. Sa prétention n'était que d'ouvrir cette écoute délicate. |