Poétique de la spatialité du cinéma numérique dématérialisé
A poetics of spatiality in dematerialized digital cinema
par Cara Elise HARRIS sous la direction de Emmanuelle ANDRÉ et de Martine BEUGNET
Thèse de doctorat en Cinéma, études visuelles
ED 131 Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines

Soutenue le mardi 09 janvier 2024 à Université Paris Cité

Sujets
  • Cinéma -- Esthétique
  • Cinéma numérique
  • Dématérialisation (art)
  • Philosophie et cinéma
  • Théorie du cinéma
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Mots clés
Cinéma, Numérique, Spatialité, Matérialité, Esthétique, Poétique, Formalisme, Archéologie des médias, Philosophie du cinéma
Resumé
Cette thèse doctorale entreprend une analyse des formes expressives du cinéma numérique contemporain, sous l'angle de l'archéologie des médias et de la théorie/philosophie du cinéma. Elle explore de manière novatrice les impacts esthétiques de la dématérialisation des matières premières du cinéma sur la construction de l'espace cinématographique. Le bouleversement technologique de l'ère numérique a non seulement permis et popularisé la distribution et la consommation numériques des films et des images mobiles, mais également leur production dématérialisée : sans pellicule, caméra, objectif, décor, etc., reposant de plus en plus sur des logiciels qui peuvent créer les images de toutes pièces. Un corpus d'images mobiles (films, visualisations, objets d'art numériques) produites de cette manière constitue l'objet d'analyse de la présente thèse, qui part de deux propositions sous-jacentes. La première est que cette dématérialisation progressive constitue l'avènement d'un nouvel épistémè cinématographique. Cette hypothèse répond aux débats pérennes en études cinématographiques et en théorie des médias sur le statut ontologique du cinéma numérique, sur sa spécificité et sa « cinématicité ». En effet celui-ci est considéré simultanément comme une sous-catégorie du cinéma, une chose en lien avec le cinéma ou étrangère au cinéma. Or, l'analyse de la manière dont les films numériques déploient leurs pouvoirs d'expression (réaffirmant les codes visuels du cinéma argentique par la simulation de ses dispositifs ou inventant ses propres codes novateurs) permet de situer le cinéma numérique dans une diachronie plus longue, évitant ces impasses essentialistes (qu'est le cinéma à chaque étape de son évolution techno-esthétique) pour se pencher sur la question de ce que fait le cinéma, indépendamment de (ou grâce à) sa matérialité en évolution. La seconde hypothèse est que chaque épistémè technologique du cinéma a mené à une reconfiguration (programmée ou fortuite) de l'espace cinématographique. Cette thèse postule que la dématérialisation offre de nouveaux moyens de construire et d'explorer la spatialité qui sont du même ordre que, par ex., le montage dans les années 1910 qui a donné lieu à la contiguïté puis la continuité de l'espace profilmique, ou la 1e révolution du son qui a concrétisé le hors champ. En effet, plus le cinéma numérique repose sur des moyens de production dématérialisés, plus il remplace les modes narratifs et séquentiels traditionnels par des modes spatialisés et spatialisants. Ainsi, de par le brouillage des limites entre mise en scène, cinématographie et montage, ou les négociations entre espace bi- et tridimensionnel, le cinéma numérique dématérialisé est caractérisé par la transformation de ses codes visuels en actants spatiaux. Il en résulte une compréhension élargie de ce que signifie la spatialité dans les images mobiles contemporaines, sur les plans diégétiques, inter-diégétiques et extra-diégétiques. Cette thèse propose une poétique de la spatialité du cinéma numérique dématérialisé, s'inscrivant dans une lignée d'appels récents (de Manovich à Brinkema) à la réhabilitation de l'étude des formes filmiques. Elle conduit une série d'analyses formelles des mécanismes qui codifient l'espace dans le cinéma numérique dématérialisé, les reliant archéologiquement aux éléments constitutifs de l'espace pictorial et cinématographique au sens large. Ces études de cas se concentrent sur les instances dans lesquelles (1) la spatialité cinématographique est directement liée à sa matérialité, et (2) cette matérialité spatiale est explicitement invoquée à l'écran. Au-delà du paradoxe visibilité-invisibilité du cinéma numérique, il y est démontré que ces instances dépassent le réalisme d'enregistrement et de révélation du médium photographique pour s'orienter vers un réalisme de création et de relation, inaugurant ainsi une nouvelle esthétique de l'ère numérique.