| Resumé |
Dans le présent travail de thèse, nous nous intéressons au phénomène de fugue des jeunes placés en institution et aux résonances du conflit intra-psychique dans l'espace où se trouve le sujet qui fugue. Nous partons de l'hypothèse que la fugue, le départ d'un lieu à un autre, traduit sur la scène spatiale le recours du sujet à une étape régressive d'illusion (notion proposée par Winnicott, 1971), de non différenciation entre réalités interne et externe (dedans et dehors). La fugue des jeunes du domicile familial et/ou du lieu de placement nous interroge sur leur tentative de contenir leur vie pulsionnelle, comme une quête d'inscription à une place qui leur serait propre dans le lien social. Ce qui nous a interpellée encore davantage, c'est la capacité de l'institution d'accueil (foyer), à faire « frontière » entre ces deux dimensions du dedans et du dehors. Les jeunes qui fuguent montrent que là où ils sont, ils ne peuvent pas y rester. Il leur faut rechercher quelque chose, quelque part, qui n'est pas là où ils se trouvent. La fugue vient ainsi interroger la constitution d'espaces psychiques internes, sur ce qui permet ou entrave la consolidation de lieux psychiques sécurisants pour le sujet. La matrice méthodologique utilisée dans notre thèse est celle de la recherche en psychanalyse. Nous mettons en évidence le cadre du placement en institution à partir du terrain de la protection de l'enfance au Brésil et en France. Nous utilisons comme ressources méthodologiques des vignettes cliniques issues d'entretiens réalisés avec des jeunes placés en foyer au Brésil et en France, des notes d'observation de deux services de placement situés dans les deux pays, ainsi que la consultation des dossiers des jeunes placés. A partir de l'analyse du matériel clinique nous mettons en exergue l'expérience de la rencontre humaine avec des sujets dont les appuis internes sont fragiles et dont le désir paraît rester sans demeure |