| Resumé |
L'objectif de cette thèse est de reconstituer l'histoire du phénomène des moretti, filles et garçons d'origine subsaharienne, rachetés de l'esclavage par des missionnaires catholiques principalement au XIXe siècle et éduqués en Europe, souvent avec le but de les renvoyer après en Afrique comme missionnaires. Dans la première partie de ce travail, j'esquisse le contexte historique, notamment en référence aux macro-thèmes de l'esclavage et des missions. L'analyse des principales phases de développement du phénomène vient ensuite, à partir de sa dimension institutionnelle. J'ai choisi de commencer cette étude avec l'histoire de la missionnaire Anne-Marie Javouhey, qui amena en 1824 quelques enfants sénégalais en France. Le phénomène est en déclin à partir de la fin du XIXe siècle mais j'ai choisi comme date finale, celle de 1947, année de la mort de Joséphine Bakhita, une esclave soudanaise devenue religieuse et canonisée après sa mort. Dans la troisième partie de la thèse, je présente quelques trajectoires biographiques de moretti, afin d'illustrer par l'exemple les nombreux cas de vies et d'événements qui donnent corps à un phénomène unitaire mais diversifié. Une étude iconographique en Annexe achève la thèse. Cette recherche veut mettre en lumière une histoire restée jusqu'à'présent presque cachée : le travail ne se focalise pas seulement sur les trajectoires des missionnaires européens, mais surtout sur celles des moretti. La recherche s'inscrit donc dans le courant des 'études qui repensent l'histoire des missions dans une perspective' qui n'est plus euro-centrique. Les moretti, en effet, ne furent pas uniquement des victimes d'un système qui les relégait à être des acteurs de second plan, mais ils furent des individus qui contribuèrent à façonner la mission. Cette histoire, souvent douloureuse, des enfants africains éduqués en Europe au XIXe, est restée longtemps méconnue ; elle est l'une des premières pages de l'histoire du christianisme africain. |