Mots clés |
Processus, Psychothérapie psychanalytique, Pratique, Enfant, Transformation, Évaluation, Effectivité |
Resumé |
La question de l'efficacité de la psychanalyse est un sujet controversé. Dans un contexte de demande impérieuse de preuves, inféodées à des logiques positivistes, managériales et financières, son évaluation représente à la fois une préoccupation mais aussi un réel défi pour les cliniciens qui s'engagent pour préserver sa place dans le milieu du soin. Si l'évaluation empirique de ses résultats et de ses effets n'a pas été un domaine investi d'emblée, une revue de littérature confirme aujourd'hui ce que les cliniciens savaient déjà : les psychothérapies psychanalytiques (PP) sont efficaces et ont des effets, dans un bureau, sur le divan et dans ses extensions. Les données empiriques, pour peu qu'elles ne soient pas prises « à la lettre », représentent aussi une richesse à penser et à développer mais cela demande un renversement des codes. Ainsi, notre démarche ne répond pas au standard d'une méthodologie scientifique rigoureuse et s'ancre dans un abord foncièrement (inter-)subjectif. La réflexion porte désormais sur le développement de méthodologies d'évaluation spécifiques, respectant les fondements de la psychanalyse (transfert et associativité) et qui tentent de rendre justice à la profondeur et à la complexité du matériel clinique. Notre hypothèse générale est qu'il est possible d'être dans une démarche d'évaluation des PP, au plus près des conditions réelles de la clinique, tout en respectant ses fondements. Plus précisément, les processus analytiques seraient sous-tendus par des processus transformationnels, qui s'appuient eux-mêmes sur des éléments tenant du patient, du thérapeute et de leur relation, qu'il est possible de mettre en évidence par une démarche évaluative mixte. Cette démarche consiste en une approche exploratoire et longitudinale des processus émergents aux seins de PP d'enfants menées dans un institut, à l'aide d'un outil standardisé (CPQ) associé à l'étude individuelle de cas clinique. Il ne s'agit pas de mettre en évidence des relations de causalité (d'efficacité), mais de mettre en exergue les potentiels effets (l'effectivité) de ces transformations et leurs conditions d'émergence. Le but fondamental étant de remettre la clinique au centre de la recherche et à l'origine de la démarche d'évaluation telle que nous souhaitons la partager. Après une première partie consacrée à l'histoire de l'évaluation des psychothérapies, une discussion critique du détournement du modèle de l'Evidence-Based Medecine appliqué au champ de la pratique psychothérapique est proposée. Une revue de littérature permettra de mettre en lumière les données issues de la recherche empirique dans le champ de la psychothérapie. Après un engagement sur le chemin de la recherche qualitative et processuelle, nous menons une réflexion sur la notion même de processus psychanalytique sous l'angle théorique, les spécificités de la PP d'enfants et place des parents dans celle-ci. Cette réflexion amène à poser les bases et à pointer la grande complexité de ce concept dont la définition ne saurait être arrêtée. Après la présentation méthodologique, nous exposons les premiers résultats issus de cette recherche à partir de PP d'enfants menées par des thérapeutes formées à celles-ci. Il est possible de mettre en avant certaines configurations (facteurs émergents) propres à chaque psychothérapie. La discussion des résultats nous amènera à relativiser ces derniers et à appuyer l'aspect profondément intersubjective et unique de chaque parcours (processus) analytiques. Enfin, une dernière partie met en discussion les nombreuses limites de notre recherche ainsi que les apports et perspectives éventuels d'un tel dispositif pour la pratique, les cliniciens et leurs patients. Tout comme la psychanalyse elle-même, notre démarche se veut « ouverte à la révision ». |