Incidences du vitalisme dans les fondements épistémologiques de la pensée freudienne
Effects of vitalism on the epistemological foundations of Freudian thought
par Felipe HENRÍQUEZ RUZ sous la direction de Bernard PACHOUD et de Thomas LEPOUTRE
Thèse de doctorat en Recherches en psychanalyse et psychopathologie
ED 450 Recherches en psychanalyse et psychopathologie

Soutenue le jeudi 15 décembre 2022 à Université Paris Cité

Sujets
  • Épistémologie de la psychanalyse
  • Freud, Sigmund (1856-1939)
  • Histoire
  • Psychanalyse
  • Pulsions
  • Vitalisme
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Mots clés
Histoire de la psychanalyse, Epistémologie freudienne, Vitalisme, Théorie des pulsions, Vie, Mort, Freud
Resumé
En 1998, dans son livre intitulé Canguilhem et les normes, le philosophe G. Le Blanc affirme que la création d'un problème ne consiste pas à « inventer de toutes pièces un nouveau problème mais plutôt [à] rouvrir un ancien problème résolu », opération intellectuelle qui revient à « déplacer le problème du questionné au non questionné, du pensé à l'impensé ». En nous laissant guider par ce précepte d'inspiration canguilhemienne, cette thèse doctorale examine de façon critique l'histoire de la formation intellectuelle de Freud et les fondements de l'épistémologie freudienne, problème déjà « clos » depuis les travaux pionniers de S. Bernfeld, F. Wittels, M. Dorer et E. Jones, parmi d'autres, et depuis les études contemporaines de P.-L. Assoun. Notre objectif est d'y analyser l'influence clandestine ou souterraine, mais bien déterminante, du vitalisme, doctrine biomédicale des XVIIIe et XIXe siècles dont la présence dans l'histoire de la pensée freudienne est d'autant plus frappante qu'elle en a été radicalement exclue au profit du primat sans entrave du physicalisme de ladite « École de Helmholtz ». Eu égard à l'inexistence d'évidences empiriques et de références directes de la part de Freud qui permettraient d'établir son rapport au vitalisme, cette recherche essaie de construire ce lien sur la base d'un examen soigneux du contexte historique et épistémologique dans lequel les concepts majeurs de la psychanalyse évoluèrent, particulièrement celui de pulsion {Trieb}. Nous soulignons leurs parallélismes et leurs isomorphismes avec les concepts cruciaux du vitalisme, comme ceux de force vitale ou de principe vital, mais nous soulignons de plus - et c'est notre hypothèse fondamentale - que le projet freudien d'édifier une théorie énergétique du psychisme constitue une tentative d'articulation des registres du vivant et de l'humain et, de ce point de vue, une réponse à la question philosophique et scientifique par excellence qui selon G. Canguilhem s'est posée au XIXe siècle, à savoir « Qu'est-ce que la vie ? ». La première partie de notre recherche est consacrée à essayer de briser le mythe du « Freud mécaniste » et à démontrer que l'interrogation philosophico-biologique sur la nature du vivant est toujours à l'arrière-plan des préoccupations théoriques des penseurs physicalistes et matérialistes qui influencèrent Freud au cours du XIXe siècle. Deuxièmement, nous essayons de rouvrir les rapports de Freud à la Naturphilosophie et à la Médecine Romantique afin de rendre intelligibles les axes cruciaux de ses préoccupations d'ordre vitaliste concernant la pulsionnalité du vivant humain, ainsi que les enjeux théoriques de ses rapports à Darwin, à Goethe et à Fliess, penseurs autour desquels tournent les interrogations philosophiques de Freud concernant la nature de la vie. S'appuyant sur la déclaration de Freud qu'une « vision dualiste élémentaire » constitue l'exigence épistémologique par excellence de sa métapsychologie, la deuxième et dernière partie de notre recherche est consacrée à la construction des liens conceptuels - et à la recherche des incidences clandestines - entre les dualismes pulsionnels de Freud et les théories vitalistes, également dualistes, de Stahl et de Bichat d'abord et de Cl. Bernard ensuite. Dans cette partie de notre recherche, nous tentons de montrer que la conception freudienne de la vie, issue de son point de vue énergétique sur le psychisme, est fondée paradoxalement sur une prééminence des phénomènes de destruction et de mort, tout comme dans les vitalismes des physiologistes allemand et français susmentionnés. Cela nous conduit à formuler l'existence d'une « théorie de la vie » dans la pensée de Freud, théorie dans laquelle celle-ci est conçue comme une sorte de dé-vivre ou comme un certain devenir anti-vital inéluctable, et dont les termes de « vie » et de « mort », de « création » et de « destruction », loin de constituer les termes d'un antagonisme, deviennent les composants d'une unité ontologique.