Glorifier les morts ou consacrer les vivants : une histoire esthétique et politique du cinéma algérien sous l'ère Bouteflika (2003-2019)
Glorify the dead or consecrate the living : An aesthetic and political history of Algerian cinema under the Bouteflika era (2003-2019)
par Salima TENFICHE sous la direction de Jacqueline NACACHE
Thèse de doctorat en Histoire et sémiologie du texte et de l'image
ED 131 Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines

Soutenue le jeudi 10 novembre 2022 à Université Paris Cité

Sujets
  • Algérie
  • Algérie -- 1992-....
  • Cinéma et guerre
  • Cinéma et politique
  • Coproduction (audiovisuel)
  • Films de propagande
  • Films historiques
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Mots clés
Cinéma algérien, Cinéma de propagande, Cinéma et politique, Cinémas du Maghreb, Guerre civile algérienne, Films de guerre, Cinéma moudjahid, Cinéma djidid, Cinéma algérien contemporain, Régime autoritaire
Resumé
Après avoir obtenu ses lettres de noblesse en 1975 lorsque Chronique des années de braise (Mohammed Lakhdar-Hamina) remportait la première Palme d'or du Festival de Cannes jamais décernée à un film africain ou arabe jusqu'alors, la jeune cinématographie nationale algérienne sombre lentement dans l'oubli avec la guerre civile qui plonge le pays dans le chaos durant les années 1990. À partir de 2003, le retour à la paix et la bonne santé économique du pays permettent une timide relance de l'activité cinématographique. Deux cinémas algériens antagonistes voient alors le jour. D'un côté, un cinéma de propagande financé par l'État que nous avons nommé « cinéma chahid » (cinéma martyr) parce qu'il se compose de films de guerre à la gloire des héros nationaux de la résistance contre le colonialisme morts pour la patrie. De l'autre, des co-productions avec l'étranger ancrées dans le présent et dans le quotidien morne et étouffant des Algériens et des Algériennes du commun, qui circulent dans les festivals internationaux les plus prestigieux du monde mais qui ne sont ni soutenues ni diffusées dans leur propre pays, et que nous proposons d'appeler « cinéma aïchin » (cinéma des vivants). Notre thèse se veut une contribution à l'écriture de l'histoire du cinéma algérien, et en particulier du cinéma contemporain, un terrain de recherche qui reste encore à défricher. En croisant différentes approches du cinéma (institutionnelle, sociologique, narrative et esthétique), nous proposons de mettre en regard ces deux cinémas algériens contemporains. Selon une approche synchronique d'abord, nous retraçons la généalogie de ces deux courants antagonistes. En revenant sur les grandes étapes du développement du cinéma en Algérie de la période coloniale à nos jours, tant sur le plan industriel que sur celui des formes, nous souhaitons mettre en exergue d'une part la filiation du cinéma chahid avec le cinéma moudjahid (cinéma combattant) de la période socialiste (1962-1984), et d'autre part la filiation du cinéma aïchin avec le cinéma de résistance clandestin des maquis de la Guerre d'Indépendance (1954-1962) pour ses conditions internationales de production et de diffusion, mais aussi avec celui de l'avant-garde des années 1970 (Zinet, Allouache, Djebar et Beloufa) pour ses innovations formelles et narratives. Selon une approche synchronique ensuite, et à partir d'enquêtes de terrain réalisées entre 2016 et 2019, nous dressons un état des lieux actuel des conditions de production et de distribution (financements, censure, rareté des salles ouvertes au public, rôle des festivals, piratage), afin de mettre en évidence la dichotomie du cinéma algérien sous le régime d'Abdelaziz Bouteflika depuis la relance de l'activité jusqu'au déclenchement du Hirak (2003-2019). Parallèlement à cet état des lieux, l'analyse esthétique et politique du cinéma chahid nous permet de montrer que ces films de propagande relèvent autant d'une stratégie de légitimation du pouvoir après la guerre civile (1992-2002) que d'une adaptation du discours officiel aux mutations de la société algérienne. Les films du cinéma aïchin quant à eux se distinguent par un renouvellement des récits et des formes du cinéma algérien. Cette nouvelle génération de cinéastes propose des images plurielles d'une société algérienne déchirée et désabusée par l'échec des espérances de l'Indépendance autant que par les violences fratricides de la guerre civile, contribuant ainsi à un processus de démystification vis-à-vis de l'image officielle d'une Algérie glorieuse et unie.