Mots clés |
Littérature contemporaine, Cinéma, Quotidien, Domestique, Annie Ernaux, Chantal Akerman, Esthétique, Figuration, Genre, Féminisme |
Resumé |
Les théories du quotidien du deuxième XXe siècle, chez Maurice Blanchot, Henri Lefebvre ou Michel de Certeau, ainsi que les études plus récentes sur le quotidien en littérature et au cinéma, ont laissé relativement impensée la question du genre dans l'expérience de la vie quotidienne et dans sa représentation. Ce travail comble ce manque en analysant la figuration du quotidien dans les œuvres de Chantal Akerman et d'Annie Ernaux, à partir d'un rapprochement initial entre le film Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) et le roman La Femme gelée (1981). Ces deux œuvres ont participé, dans le contexte des années 1970 et de la seconde vague féministe, à l'avènement d'une nouvelle figure littéraire et cinématographique, celle de la femme d'intérieur. Aujourd'hui, Akerman et Ernaux sont reconnues comme deux auteures majeures, récompensées la même année par le prix Nobel de littérature 2022 pour l'écrivaine et le titre de « Greatest Film of All Times » décerné par Sight & Sound à Jeanne Dielman. Cette reconnaissance institutionnelle parachève le travail de visibilisation des vies mineures qui a été le leur. Leurs œuvres participent de la réévaluation de l'ordinaire qui a marqué leur génération, en littérature comme au cinéma. Fragments ou récit total, fiction formaliste ou écriture de soi, comédie burlesque ou récit rétrospectif, huis clos domestiques ou documentaires urbains : Akerman et Ernaux explorent les formes à donner au récit du banal et de ce qui se répète chaque jour, jusque dans leurs pratiques personnelles du quotidien. Cette recherche les mène, d'un point de vue à la fois poétique et éthique, à élaborer des écritures intermédiales et des mises en images du quotidien qui se situent au croisement des petites mémoires et de la grande Histoire, de l'individuel et du collectif, du politique et de l'intime. |