Mots clés |
Mobilités résidentielles, Logement, Éviction, Éloignement, Caisses d'allocations familiales |
Resumé |
Cette thèse porte sur les inégalités de mobilité résidentielle en Île-de-France. Elle part du constat d'une profonde crise de l'abordabilité du logement dans la région, liée à l'inflation des prix immobiliers, à la diffusion des dynamiques de gentrification, mais aussi à la rétraction des principaux dispositifs d'aide à l'accès au logement en France. Dans ce contexte, la fragilisation du statut résidentiel des Franciliens les moins favorisés a été particulièrement discutée : ces derniers apparaissent confrontés à des risques accrus de mal-logement, de déplacement (départ contraint), d'éviction et de périphérisation. En s'appuyant sur l'analyse des bases de données des huit Caisses d'allocations familiales d'Île-de-France et sur l'exploitation d'une enquête par questionnaire menée auprès de foyers allocataires ayant déménagé récemment, la thèse vise à contribuer à la documentation empirique de ces processus. Géolocalisées, disponibles au niveau des foyers et couvrant la moitié de la population francilienne, les données allocataires constituent une source précieuse pour l'analyse des pratiques résidentielles. Elles permettent d'effectuer un suivi précis des mobilités sortantes d'un territoire, ce qui a longtemps constitué une difficulté méthodologique. Elles offrent aussi la possibilité d'une approche multidimensionnelle des inégalités sociales, croisant des aspects économiques, familiaux et professionnels. Après avoir présenté les apports et les limites de cette source administrative, une analyse intégrée et contextualisée des déterminants de la mobilité résidentielle des allocataires franciliens est proposée. Celle-ci s'appuie sur la modélisation des risques de déménagement et de changement de commune des foyers. Elle confirme le rôle prépondérant des transitions familiales et professionnelles, mais révèle également l'instabilité résidentielle plus forte et l'ancrage territorial moins marqué des ménages confrontés à différentes formes de vulnérabilité sociale, en particulier dans les contextes où l'accès au logement est plus difficile. À Paris, le risque d'éviction des foyers aux revenus limités et où dont la situation professionnelle s'est dégradée apparait particulièrement marqué. L'enquête par questionnaire permet d'éclairer ces résultats par la prise en compte du point de vue des foyers sur leur mobilité et par la collecte d'informations plus détaillées sur leur situation résidentielle. Elle montre que les allocataires déclarent déménager principalement pour faire évoluer leurs conditions de logement. Elle révèle également l'ampleur des difficultés d'accès au logement des Franciliens les moins favorisés. Particulièrement confrontés à l'absence de domicile personnel, ces derniers sont aussi plus souvent contraints de déménager pour des raisons liées à leur logement. En ce qui concerne l'inscription spatiale des mobilités, la notion de périphérisation est mobilisée pour étudier l'éloignement différencié des foyers à Paris et aux centralités fonctionnelles de la région. En Île-de-France, une tendance générale au desserrement résidentiel ressort. L'ampleur de cet éloignement varie cependant avec le profil des ménages. Dans l'ensemble, la position plus périphérique des foyers aux revenus modérés se renforce et les contrastes socio-spatiaux s'accentuent sous l'effet des mobilités résidentielles. Un dernier constat porte sur l'effet du logement social au regard des différents phénomènes observés. Celui-ci renforce la capacité des ménages défavorisés à se maintenir dans les territoires les plus tendus et contribue à l'amélioration de leurs conditions de logement. Il apparait donc jouer un rôle crucial face à la crise du logement abordable en Île-de-France. |