Protection sociale, informalité et pauvreté en Tunisie
Social Protection, informality and poverty in Tunisia
par Nidhal BEN CHEIKH sous la direction de Jean-Yves MOISSERON
Thèse de doctorat en Sciences économiques. Changement social et mutations économiques
ED 624 Sciences des Societes

Soutenue le mardi 07 décembre 2021 à Université Paris Cité

Sujets
  • Économie souterraine
  • Pauvreté -- Politique publique
  • Politique sociale -- Tunisie -- 1956-....
  • Sécurité sociale
  • Tunisie

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Mots clés
Informalité, Comportements informels, Ciblage et erreurs d'identification, Évaluation des programmes de transferts monétaires
Resumé
Cette thèse se propose d'évaluer la contribution de la protection sociale contributive et non contributive à la lutte contre l'informalité sur le marché de travail en Tunisie et à la réduction de la pauvreté. Depuis l'indépendance, la Tunisie a mis en place plusieurs politiques sociales assises sur des transferts sociaux substantiels afin d'améliorer les niveaux de vie de sa population. C'est dans ce sens que les pouvoirs publics se sont toujours efforcés détendre les régimes assurantiels de protection sociale à l'économie informelle tout en se dotant de programmes non contributifs à forte diffusion géographique pour combattre la pauvreté et la vulnérabilité économique. Toutefois, les piètres résultats enregistrés en matière de pauvreté et de disparités régionales sont indéniablement la conséquence naturelle de la faible connaissance à propos des effets et l'efficacité, par dinar dépensé, des différents programmes sociaux. La première partie de la thèse sera focalisée sur l'exploration des relations entre l'extension horizontale de la protection sociale en Tunisie et la lutte contre l'informalité sur le marché du travail en Tunisie. Une démarche empirique a été adoptée afin de mesurer l'étendue de l'emploi informel au sein de l'économie sur la période 2005-2019. De même, des éclairages empiriques seront apportés moyennant l'usage de micro données d'une enquête auprès des ménages (6000 ménages) réalisée en 2014, concernant la possibilité d'existence d'incitations perverses ou désincitations, occasionnées par les dysfonctionnements des programmes d'assistance sociale, et qui sont suspectées de décourager les travailleurs à s'orienter vers les programmes assurantiels de sécurité sociale. D'ailleurs, la transition des travailleurs de l'informalité à la formalité a toujours butté sur ces aspects comportementaux. Cette recherche nous a permis aussi de mettre en relief les traits distinctifs des travailleurs informels indépendants et à faibles revenus ainsi que parmi la population bénéficiaire de l'Assistance sociale (bénéficiaires et membres du ménage). Les capacités contributives des travailleurs informels ont été évaluées à l'aune d'un nombre de critères outre l'analyse de leurs attitudes face au risque et leurs préférences inter temporelles. La deuxième partie de la thèse s'est consacrée à des interrogations légitimes, par rapport à la performance réelle des programmes non-contributifs actuels (Transfert monétaire et soins de santé à tarifs réduits) à atteindre les populations pauvres et à besoins spécifiques. Une recherche empirique basée sur l'exploitation des données brutes de l'enquête dévaluation des programmes d'assistance sociale en Tunisie (CRES 2014), a permis tester le bien-fondé de ces interrogations concernant la performance du dispositif de ciblage actuel à atteindre les plus pauvres de la population. Des méthodes alternatives de ciblage qui permettent des résultats plus élevés que ceux prévalant actuellement (ciblage actuel) en termes de minimisation des erreurs d'identification (inclusion et exclusion) et d'impacts sur les mesures FGT de la pauvreté, ont été proposées. En effet, les résultats de cette évaluation serviraient en dernière analyse à élargir le champ de connaissances des pouvoirs publics et des chercheurs en matière de fonctionnement et d'évaluation des programmes d'assistance sociale et d'en tirer les enseignements nécessaires lors de la mise en place d'une stratégie de redéploiement optimal des budgets déployés pour ces programmes dans le cadre d'une vision intégrée des programmes contributifs et non-contributifs de protection sociale. L'analyse a été aussi approfondie à travers une tentative d'intégration des mesures de la pauvreté subjective dans le ciblage des programmes de transferts monétaires afin d'identifier de nouvelles populations vulnérables que les approches conventionnelles de mesure de la pauvreté risquerait d'exclure.