Mots clés |
Mémoire, Mémoires hybrides, Silences, Bruits, Trace, Trace sonore, Espaces fluides, Sédiments sonores, Vestiges, Fragments |
Resumé |
Cette recherche s'articule comme une forme de récit possible tissé sur la ligne du temps entre les matières et les moments choisis dans lesquels le son, matière volatile et éphémère, est suspendu dans une forme de mémoire, d'incarnation et de rétention temporelle. Le son est un phénomène par sa nature intrinsèquement lié au moment présent où il se produit. L'acte d'enregistrement « l'extériorise » (1) en le rattachant à un support donné dans un moment spécifique de l'histoire. On peut à partir de ce point imaginer les déplacements dans le temps dus au changement physique du support d'enregistrement, de l'érosion des données, de leur hypothétique éloignement dans le temps. La recherche d'un équilibre entre les temporalités commence. Quels types de liens établir ? Comment relier les éléments entre eux? Est-ce nécessaire ? La pratique artistique est le point de démarrage des ces questionnements et inclue le son, les enregistrements sonores dans le registre non musical ainsi qu'une sélection des travaux réalisés sur plusieurs années dont la thématique interroge la mémoire, l'effacement et le son comme élément témoin et emprunt d'identité du lieu, d'un geste. En menant de front deux perspectives, celle de la pratique artistique et celle issue de la recherche notamment sur les premières traces d'enregistrement sonore, les phonautogrammes d'Édouard-Léon Scott de Martinville ainsi que les archives sonores et les entretiens réalisés à Radio France et l'INA entre autres, l'idée principale est mettre en résonance les éléments choisis dans un mouvement qui reflète, d'un côte leur apparition et de l'autre, leur mise en abîme ou éloignement dans le temps. Le visible est un marqueur de ces transitions. Dans une posture esthétique la volonté est, d'une part, de poser un regard subjectif sur l'existence des liens et des mouvements possibles ou fictifs entre les éléments interrogés ainsi que de décrire l'expérience esthétique de traverser les médiums et le contexte technique d'enregistrement afin de créer les points contact entre les domaines et les instances où les fils narratifs peuvent se croiser, s'entrelacer ou se séparer. Au delà de la question technique d'un enregistrement, d'une inscription sonore, c'est la façon de représenter le sonore construite à partir de points de vues multiples parfois éloignés dans le temps et qui engage une réflexion sur la question de co-construction, re-construction des nouvelles formes de narrations possibles et en réactualisant les liens entre la matière, le son ainsi que le vécu sonore, l'expérience. 1. Jonathan Sterne, Une histoire de la modernité sonore, éditions, La découverte / Philharmonie de Paris-Cité de la musique, 2015 |