Mots clés |
Ali Soilihi, Ahmed Abdallah, Comores, Indépendance, Acteurs politiques, Ufwakuzi (révolution), Mémoire, Génération |
Resumé |
Depuis la proclamation de l'indépendance unilatérale des Comores le 6 juillet 1975, par Ahmed Abdallah, l'État comorien n'a cessé de traverser de multiples crises politiques et institutionnelles qui conduisent spécialistes et non-spécialistes à revenir sur ce moment fondateur. Dans l'historiographie comme dans les mémoires collectives, deux figures ont particulièrement incarné deux voies opposées. Celle d'Ahmed Abdallah (1919-1989), « le père de l'indépendance » (mbaba wahindépendasi) apparaît comme le garant de valeurs conservatrices. A l'inverse, Ali Soilihi (1937-1978), issu d'une autre génération, incarne un modèle de changement radical associé aux idéaux révolutionnaires et anti-impérialistes des années 1960 et 1970. Au-delà de cette opposition classique entre conceptions politiques et rapports au monde peu conciliables, la thèse entend revenir de manière inédite sur les conditions d'arrivée au pouvoir Ali Soilihi et d'autres représentants d'une génération marquée par le contexte global de la décolonisation et de la circulation de modèles politiques socialistes venus du Bloc de l'Est comme d'Afrique. A partir de sources nouvelles ou peu connues, elle vise à retracer avec précision l'histoire politique et sociale du régime instauré par Ali Soilihi à la suite d'un coup d'État. Elle montre que la révolution comorienne a d'abord suscité l'enthousiasme parmi les plus jeunes notamment. Néanmoins, les dérives autoritaires du régime et ses difficultés profondes à affronter de multiples défis ont fragilisé ses assises et alimenté une opposition de plus en plus massive. |