Peupler et coordonner : une ontologie du présent à la lumière de l'histoire de l'anthropologie appliquée au Mexique
To Populate and to coordinate : an ontology of the present in the light of the history of applied anthropology in Mexico
par Julio Andrés CAMARILLO QUESADA sous la direction de Marie CUILLERAI
Thèse de doctorat en Philosophie politique
ED 624 Sciences des Societes

Soutenue le vendredi 06 mai 2022 à Université Paris Cité

Sujets
  • Biopolitique
  • Indigénisme
  • Libéralisme économique
  • Mexique
  • Philosophie politique
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Mots clés
Savoir-Pouvoir, Indigénisme, Néolibéralisme, Mexique, Contrôle, Biopolitique
Resumé
La fin du millénaire a vu apparaître de nouveaux acteurs politiques, dont les Indiens. Cette irruption a une signification importante au Mexique, où une école d'anthropologie forte et très présente dans la fonction publique a orienté les programmes productifs, d'éducation et de santé dans les régions indigènes depuis l'aube du XX siècle. Dans les années 70, de jeunes anthropologues se sont révoltés contre les théories qui faisaient figurer le mode de vie et la culture des Indiens comme des formes primitives, et contre les politiques publiques qui poussaient à les intégrer à la vie nationale « moderne ». Depuis, seul un développement qui part de leur identité est reconnu comme acceptable. Ce travail défend la thèse que ces identités sont des inventions récentes, qui émergent comme effet d'une mutation dans le savoir - spécifiquement dans l'anthropologie - et dans les pratiques de pouvoir et de contre-pouvoir, dont l'autogestion. Une histoire de l'anthropologie indigéniste appliquée permet de bien fonder cette affirmation. Alors que la catégorie d'Indien était proscrite pour le républicanisme du Mexique indépendant, elle revient au milieu du XIX siècle en tant que « problème indien » sous l'injonction de rendre la population civilisée, éduquée et saine. Dans cet horizon, le savoir anthropologique naissant est sollicité et, déjà au XX siècle, il propose des applications visant l'incorporation culturelle de l'Indien et son intégration à la nation. L'apparition d'une approche systémique plutôt qu'évolutive contribue d'abord à ce but, mais plus tard il devient la condition pour affirmer la différence des cultures indigènes et leur droit à se développer à partir de leurs identités, d'autant plus sollicitées que la bureaucratie étatique est considérée trop lourde, inefficiente et centralisée. L'autogestion (indigéniste) rejoint ainsi, étonnamment, le programme néolibéral, pour des raisons profondes qui concernent les transformations homologues subies par l'anthropologie et par l'économie. Le diagnostic ou ontologie du présent qui en découle saisit un gouvernement qui a recours à des savoirs systémiques et, sous la forme d'une incitation à l'expression des identités, à des techniques de contrôle « bureaucratique » capables de les coordonner. Ainsi, la philosophie de Michel Foucault est mise à l'épreuve d'un présent, le nôtre, qui s'éloigne du sien, et des peuples « primitifs », non-européens, voire colonisés, un peu absents de son oeuvre, malgré le statut privilégié de contre-science qu'il a donné à la discipline que les étudie, l'ethnologie.