Protestantisme évangélique, Turquie, Istanbul, Migrations, Minorités, Ethnicité, Pentecôtisme, Missions chrétiennes, Empire ottoman

Cette thèse aborde la ville d'Istanbul (Turquie) en tant que site méconnu de la géographie protestante évangélique globale. Elle s'appuie sur une recherche ethnographique (2013-2019) par observations participantes et entretiens semi-directifs auprès d'une trentaine de communautés de foi. L'étude interroge d'abord les liens théoriques entre évangélismes et migrations et conceptualise le travail évangélique comme un effort inégalement partagé, approprié par les hiérarchies religieuses et dédié à la vie des communautés de foi. Elle problématise dans un second mouvement les régimes d'altérisation institutionnelle qui font obstacle à l'observation de l'évangélisme en tant que religion, en Turquie, et documente les positions et les trajectoires socio-historiques de sujets évangéliques (1) occidentaux ; (2) ' non-musulmans ' ; (3) turcs ; et (4) des Suds. Elle propose enfin l'analyse comparée des présences évangéliques en ville, sur la base d'une ethnographie extensive de l'implantation des différentes populations sur un circuit urbain, et d'une monographie intensive dans les différents espaces de travail évangélique d'une Église pentecôtiste `mixte'. La thèse démontre la contribution majeure des populations évangéliques turques converties et immigrées des Suds à la revitalisation, l'extension urbaine et la recomposition religieuse de circuits protestants établis de longue date. Elle interroge l'émergence d'une configuration religieuse dans les inerties relatives de l'institution ethno-confessionnelle et ethno-nationale des altérités en Turquie. Elle théorise enfin la division du travail évangélique en tant qu'institution politique et sociale des migrations, impulsant la circulation des récits de conversion autant que l'immobilisation de la main-d'oeuvre religieuse.