Mots clés |
Société civile, Organisations sociales, Volontariat, Mines, Pneumoconioses, Migrants, Hukou |
Resumé |
La Chine a bâti son développement sur son secteur houiller, mais à un coût exorbitant, celui de la santé de millions de travailleurs. Ce sont souvent des paysans-ouvriers, institutionnellement disqualifiés. Leur situation sanitaire a longtemps été occultée par les outils du pouvoir que sont les statistiques et le système de santé au travail. Dès le début de ce nouveau millénaire, un embryon de société civile émerge. Le secteur associatif explose en Chine et des individus de plus en plus nombreux s'engagent dans des programmes caritatifs et s'efforcent de rendre à certaines catégories de population la visibilité qui leur a été refusée. Ces organisations sociales sont de plus en plus nombreuses et, loin d'être uniformes, elles se modèlent par les différents types de ressources qui produisent différents types de citoyenneté. Ces ressources influencent également le rapport avec le gouvernement qui adopte un contrôle bidimensionnel. Mon étude porte sur la fondation Da Ai depuis son homologation officielle et à ses volontaires. Ceux-ci sont enthousiastes et pleins d'empathie envers ceux qui ont été sacrifiés sur l'autel de l'économie et de la croissance. Ils consacrent toute leur énergie à aider ces paysans-ouvriers et à leur rendre une visibilité auprès des autorités. Dans ce processus de production de sens, comment réagiront-ils ? Vers quelle stratégie s'orienteront-ils ? Parviendront-ils à mener une action politique au nom de leur organisation ? Or, de 2011 à 2018, j'effectuais des visites au siège de la fondation afin d'interroger les volontaires, je m'étonnais de ne jamais retrouver les mêmes et les motifs de leur départ restaient toujours inexpliqués. Ces entretiens m'ont permis de connaître leur vision de la société chinoise et du secteur caritatif en particulier. L'année 2014, lors d'une visite, je fus témoin d'une véritable fronde qui explique en partie le départ d'un certain nombre d'entre eux. Au fil des années, les mécanismes d'institutionnalisation sont mis en place et ont rendu mes investigations de plus en plus difficiles. En 2018, une année charnière, je contactai les frondeurs qui, ayant quitté la fondation, m'ont révélé les dysfonctionnements, les problèmes de gouvernance de l'organisation. Ces frondeurs avaient embrassé un vrai projet politique centré sur une citoyenneté universelle. Sous la mandature de Xi Jiping, l'espace de la société civile s'est fortement contracté. Quelle marge de manœuvre restera-t-il aux volontaires de la fondation, ceux qui sont restés et les frondeurs qui l'ont quittée, quelle stratégie pourront-ils adopter et avec quelles répercussions sur leur engagement ? |