Mots clés |
Gottfried Wilhelm Leibniz, Pratiques savantes, Critique de sources, Paratexte, Histoire de la connaissance, XVIIème siècle |
Resumé |
L'objectif de cette thèse est d'étudier les principes épistémologiques des pratiques savantes que Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) a mises en oeuvre dans le cadre de son travail en tant qu'historien. La thèse comprend trois parties. La première partie explore les possibilités de définir l'histoire chez Leibniz : après un premier chapitre qui justifie le fait d'adopter une approche « pratique » et documentaire pour étudier la théorie de la connaissance historique chez Leibniz, un second explore les modalités de la mise en oeuvre (et en ordre) de celle-ci, tandis un troisième tente, en distinguant l'histoire naturelle de l'histoire humaine, de définir les contours de celle-ci. Dans l'impossibilité de déterminer complètement les causes réelles des « vérités de fait », qui pour Leibniz ne se trouvent qu'en Dieu, la reconstitution de l'histoire universelle passe avant tout par une mise en ordre des traces du passé afin de tenter de restituer, comme sur une scène de théâtre, la perception des événements et choses passées. La seconde partie, quant à elle, s'intéresse à ce qui fait que l'histoire produite (les oeuvres historiques) appartiennent au champ disciplinaire de l'histoire. Un premier chapitre explore les principes méthodologiques implicites des éditions de sources chez Leibniz et un second la manière dont le paratexte des Scriptores Rerum Brunsvicensium (1707-1711), son projet éditorial le plus ambitieux, justifie (ou non) son contenu par une forme d'« art critique ». A travers l'hétérogénéité des sources éditées se laisse percevoir une dualité de méthode entre les sensibilités plus historiennes de Leibniz et d'Eckhart, son assistant, d'un côté, et celles philologiques des nombreux autres contributeurs de l'autre. Les premiers se concentrent sur l'histoire de la transmission des manuscrits, l'étude des témoignages et la restitution des événements dans une approche à la fois pédagogique et érudite, tandis que les seconds sont plus attentifs aux aspects « matériels » du texte et à l'évolution de la langue. La connaissance historique est une connaissance collective. La troisième partie expose finalement l'origine et le développement de cette méthode de restitution, à savoir l'ars critica employé pour discriminer les « sources » de l'histoire, qu'elles soient textuelles ou objectuelles. Car en effet, cet art critique n'est pas pour autant un simple art d'érudition et met en scène également l'ensemble des artefacts connus à l'époque. La question est donc de savoir s'ils servent d'« auxiliaires » ou s'ils sont traités pour eux-mêmes et, lorsque c'est le cas, s'ils sont étudiés dans leur matérialité propre et leur cheminement (leur « histoire ») ou s'ils sont de simples réceptacles informationnels. |