Médiévistes et ordinateurs : organisations collectives, pratiques des sources et conséquences historiographiques (1966-1990)
Medievalists and computers : collective organizations, practices of historical sources and historiographical consequences (1966-1990)
par Edgar LEJEUNE sous la direction de Karine CHEMLA et de Shirley CARTER-THOMAS
Thèse de doctorat en Histoire et philosophie des sciences
ED 623 Savoir, Sciences, Education

Soutenue le mardi 12 octobre 2021 à Université Paris Cité

Sujets
  • Histoire
  • Historiographie
  • Humanités numériques
  • Médiévistes
  • Sciences humaines -- Recherche -- Informatique
  • Transmission des textes
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Mots clés
Histoire des humanités numériques - Historiographie - Histoire des textes - Histoire des sciences - Linguistique
Resumé
Dès la fin des années 1950, l'irruption des calculateurs électroniques dans les sciences humaines et sociales a profondément affecté les pratiques des chercheurs qui se sont saisis de ces nouveaux outils. Cette thèse vise à analyser certaines transformations historiographiques que ces innovations techniques ont provoquées, en se concentrant sur un large groupe d'historiens médiévistes mettant en oeuvre ces instruments pour mener leurs recherches entre 1966 et 1990. Mes problématiques s'organisent autour de deux préoccupations principales. Tout d'abord, ce travail s'interroge sur l'apparition de nouvelles formes d'organisation collective, à l'échelle des équipes de recherche comme de la discipline. Ma thèse montre comment ces formes s'articulent à la production, à la manipulation et à la mise en circulation de nouveaux types de textes (bordereaux de saisies, cartes perforées, programmes informatiques, manuels de codage). De plus, cette thèse se propose d'analyser les transformations des méthodes des historiens liées à l'utilisation des moyens électroniques. J'y mets en évidence que le recours aux calculateurs électroniques et aux ensembles de savoirs associés à leurs utilisations (analyse de données, analyse automatique de textes, informatique documentaire) impliquait l'emploi de technologies intellectuelles (matrices, graphiques, listes, index, thesaurus, etc.) qui requéraient une formalisation accrue des opérations de recherche des médiévistes, tout en étant dotées, dans ce contexte de fonctions originales. Pour travailler à ces problématiques, la méthodologie développée dans ce travail repose sur deux convictions. Tout d'abord, j'y développe l'idée qu'il faut appliquer à l'histoire des sciences humaines et sociales les méthodes développées par les historiens des sciences. Ensuite, celle qu'il est nécéssaire, pour saisir les pratiques des historiens, d'étudier les textes sur lesquels celles-ci reposent. Cette seconde direction nous a conduit à emprunter des méthodes de recherche à la linguistique, et en particulier à l'analyse de discours. Cette thèse est construite en trois parties. Dans la première, je propose une analyse de deux projets de recherches menés par des médiévistes français entre 1966 et 1990, aux fins de comparer leurs organisations collectives (taille des équipes, présence d'informaticien, type de financement, outils de calculs employés), les influences extra-disciplinaires qu'ils subissent dans l'élaboration de leurs méthodes (démographie, géographie, linguistique, sociologie), mais aussi les méthodes qu'ils mettent en oeuvre (lexicométrie, histoire quantitative) et les conséquences historiographiques de ces travaux. Dans la deuxième partie de cette thèse, je traite des processus par lesquels certains collectifs engagés dans l'utilisation des ordinateurs se sont organisés à une échelle méta-collective, dans le but de faire circuler les produits de leurs recherches (bases de données, programmes informatiques, etc.) et les méthodes qu'ils avaient pu développer au cours de leurs expériences respectives. L'analyse porte sur une initiative française, à portée européenne, qui démarre avec l'organisation d'un colloque à Rome en 1975 et se poursuit par la création d'une publication en 1979, intitulé Le Médiéviste et l'ordinateur. Ce bulletin de liaison devient, dès lors, l'un des vecteurs privilégiés de la circulation des méthodes et de la construction d'une culture scientifique commune. La troisième et dernière partie est quant à elle consacrée aux modalités des échanges qui prennent forme dans les pages de ce bulletin. Deux directions sont explorées : 1) le genre d'article qui s'y développe en relation avec la nécessité de faire circuler de nouveaux types de connaissances techniques et 2) les difficultés qu'ont pu rencontrer les utilisateurs de ces méthodes dans le partage de ce type de savoir avec certains de leurs collègues, d'un point de vue technique, mais aussi épistémologique.