Mots clés |
Troisième République, Femmes, Genre, Professionnalisation, Enseignement post-Obligatoire, Enseignantes, Écoles primaires supérieures, France, Algérie, Colonie |
Resumé |
Un groupe professionnel de l'entre-deux ? Tout comme les établissements dans lesquels il.elle.s enseignent, les enseignant.e.s des écoles primaires supérieures sont au cœur des mutations du système scolaire de la Troisième République. L'objet de cette thèse est d'interroger, la constitution et l'évolution du groupe professionnel des enseignant.e.s des écoles primaires supérieures. Dans ce système scolaire en mouvement sous la Troisième République, ces écoles passent de « fleuron du primaire » à des établissements du premier cycle du second degré. Quels sont les effets sur les enseignant.e.s de ces modifications structurelles et réglementaires majeures dans le système scolaire de la Troisième République ? Il s'agit aussi de mettre en lumière le rôle de ces enseignant.e.s dans ce passage d'un système en ordre à un système en degrés d'enseignement, première phase d'une massification du second degré. Cette interrogation porte essentiellement sur la co-construction d'une identité professionnelle propre aux écoles primaires supérieures et son évolution. Deux phénomènes concomitants sont centraux pour appréhender ces évolutions : la féminisation du groupe enseignant et sa professionnalisation. D'abord, la féminisation qui agit comme moteur du changement, est au cœur de la remise en cause des ordres d'enseignement mais aussi de l'identité des enseignant.e.s. Dans le même temps, la professionnalisation de ce groupe professionnel spécifique au sein du système scolaire de la Troisième République est à l'œuvre. Ainsi, les enseignant.e.s des écoles primaires supérieures sont un groupe hiérarchisé et structuré autour de statuts enseignants, et ceci depuis les années 1880, mais s'affirme une volonté de circonscrire un champ d'expertise qui lui est propre, celui des « scolarisations prolongées ». Ceci s'accompagne par une reconnaissance de faire partie de « l'élite du primaire » et de se distinguer par un parcours de formation particulier. Cette étude s'appuie sur une prosopographie enseignante qui met en lumière ces constructions de parcours normés car régis par la réglementation du ministère de l'Instruction publique, et des possibilités de chemins moins strictement primaires en passe de devenir la norme. Aux frontières des ordres d'enseignement, les formations et les carrières des enseignant.e.s des écoles primaires supérieures offrent un nouvel angle d'étude pour comprendre les modifications structurelles qui se jouent au cours de la Troisième République. Cette thèse croise plusieurs types de sources: les textes réglementaires et administratifs, les dossiers de carrière (F/17 aux Archives nationales) ainsi que la presse associative et syndicale. |