Le náhuat fleurit, mais pas ici à Santo Domingo : Une sociolinguistique politique de la revitalisation de la langue náhuat (El Salvador, Amérique Centrale)
The Náhuat is blooming, but not here in Santo Domingo : A political and sociolinguistic perspective on the Náhuat language revitalization (El Salvador, Central America)
par Quentin BOITEL sous la direction de Cécile CANUT
Thèse de doctorat en Sciences du langage
ED 622 Sciences du langage

Soutenue le vendredi 01 octobre 2021 à Université Paris Cité

Sujets
  • El Salvador
  • Ethnolinguistique
  • Nahuatl (langue)
  • Pipil (langue)
  • Politique linguistique
  • Renouveau linguistique
  • Sociolinguistique
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Mots clés
Subjectivation
Resumé
Cette thèse s'inscrit dans le champ des sciences du langage, et étudie les initiatives de revitalisation linguistique de la langue náhuat (ou "pipil") parlée au El Salvador (Amérique Centrale), selon une perspective située au carrefour de la sociolinguistique, de l'anthropologie linguistique et sémiotique nord-américaine et de la philosophie politique. Depuis les années 1990, le náhuat est devenu objet de discours en tant que "langue en danger", et fait l'objet de description linguistique, de standardisation et d'enseignement. Au tournant des années 2010, la revitalisation de la langue a commencé à susciter un enthousiasme populaire dans le pays, ce qui a rapidement conduit à son institutionnalisation : l'État salvadorien a adopté des politiques de "reconnaissance" des peuples autochtones, de patrimonialisation et d'enseignement de la langue náhuat, et plusieurs universités de la capitale ont commencé à proposer des formations diplômantes en náhuat. Selon la formule aujourd'hui bien connue, le náhuat "fleurit" de nouveau. Cependant, les conséquences politiques de cette institutionnalisation sont loin d'être évidentes : tandis que la population urbaine et métisse du pays s'enthousiasme pour la "récupération" de la langue, les personnes autochtones, supposées bénéficier au premier chef de la revitalisation, s'expriment de façon nuancée et souvent critique sur le sujet, pointant l'absence de reconnaissance réelle et de retombées économiques, se sentant instrumentalisées et marginalisées, ou soulignant le caractère extractiviste de la promotion du náhuat. Résultat d'une enquête ethnographique multi-située menée entre 2014 et 2019, cette thèse offre une importante contribution à l'étude des discours et des pratiques de revitalisation linguistique. En analysant les discours institutionnels, militants et autochtones, ce travail montre que la majorité des initiatives de revitalisation du náhuat participe en réalité du maintien d'un ordre social qui périphérise la population autochtone et perpétue les hiérarchies raciales héritées de la société coloniale. En analysant la matérialité sémiotique et langagière des discours de revitalisation, cette thèse montre comment la parole participe de la production des inégalités sociales, mais donne aussi lieu à des dispositifs de subjectivation qui remettent en cause cet ordre social inégalitaire. Ce qui est ainsi en jeu dans les initiatives de revitalisation, ce n'est donc pas tant le "sauvetage d'une langue" que la capacité politique de sujets parlants à tenir un discours dans un contexte où leur parole est perçue comme sans valeur. En analysant les ressorts de la subjectivation langagière, cette thèse débouche sur la proposition d'une sociolinguistique politique, qui articule l'étude critique des institutions qui établissent les "politiques linguistiques" et l'étude des dispositifs de subjectivation qui en subvertissent le caractère inégalitaire.