Mots clés |
Travail associatif, Militantisme, Santé communautaire, VIH/sida, Nouveau management public, Genre, Sexualité |
Resumé |
Cette thèse étudie le travail associatif salarié en contexte militant. Elle prend appui sur l'étude de cas d'Aides, une association française de lutte contre le VIH/sida créée en 1984 et devenue depuis un acteur majeur de ce champ. Tirant parti de plusieurs méthodes ethnographiques (observations participantes, immersion au siège social et monographies comparatives de permanences locales, entretiens semi-directifs et travail documentaire), l'intérêt de cette enquête est d'étudier le travail associatif sous un double angle de vue : d'une part celui de l'organisation, qui défend un modèle militant valorisant une approche « communautaire » de la santé sexuelle ainsi que l'exceptionnalité de son bénévolat, et d'autre part celui des salarié-es, qui évoluent au sein de cette matrice qui les invisibilise. Dans une perspective sociohistorique, on analyse le processus de salarisation progressive d'Aides à l'aune des évolutions du contexte épidémique et du tournant gestionnaire qui touche le secteur associatif depuis les années 1990. Aides se positionne contre l'émergence des approches participatives en santé pour construire une « démarche communautaire » recouvrant à la fois un discours militant et une approche spécifique des interventions menées. On étudie le dispositif des formations internes comme des espaces de diffusion de ces discours et de normes qui visent à créer une cohésion entre des groupes par ailleurs hétérogènes tant en termes d'origines sociales, de pratiques, que de statuts (bénévoles et salariés). On analyse enfin les carrières des salarié-es de terrain puis les contraintes d'objectifs et d'évaluation qui pèsent sur le travail d'accompagnement qu'ils réalisent. On approfondit notamment la manière dont certaines de leurs caractéristiques individuelles sont essentialisées et mises au service du travail. |