Mots clés |
Comparaisons internationales, Migrations internationales, Corporatisme, Historicité, Européanisation, Convergence, Gouvernance multi-niveaux, Etudes post-conflit, Marchandisation, Diplomatie et relations internationales |
Resumé |
Pourquoi adopte-t-on moins à l'international en Allemagne qu'en France ? Ces tendances peuvent-elles être raccordées à des systèmes de valeurs, plus « biologistes » ou nationalistes d'un côté, plus sociojuridiques et universalistes de l'autre ? Cette thèse consacrée aux politiques d'adoption internationale française et allemande interroge les ressorts de la différenciation des dispositifs mis en place dans les deux pays aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, sous l'angle de la comparaison internationale et de l'analyse des politiques publiques (sociologie de l'action publique). Partant de l'émergence de l'adoption internationale comme solution au « problème des enfants de l'ennemi » différemment appréciés dans ces deux pays phares de l'Union Européenne (UE), cette recherche s'attache à analyser l'institutionnalisation de la pratique et sa pérennisation comme instrument de prise en charge des enfants en situation familiale difficile d'une part, et comme réponse aux questions démographiques liées à la fécondité d'autre part. Elle examine également les évolutions et adaptations des deux systèmes sous l'influence de facteurs internes (sociétaux et politiques prégnants), de la prise en charge transnationale de cette problématique avec l'introduction de la Convention de La Haye de 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale (CLH-93), et de phénomènes exogènes propices à la redéfinition des positions des parties prenantes, et des rapports d'influence qu'ils entretiennent. Il en ressort que les configurations actuelles de ces politiques sont débitrices de leurs historicités et des contraintes auxquelles sont confrontées les acteurs, qu'ils soient concepteurs ou bénéficiaires des dispositifs élaborés. D'une pratique fondamentalement altruiste, l'adoption d'enfants étrangers a acquis une place spécifique dans les politiques de l'enfance, qu'elles soient nationales ou internationales, au point de produire dans certains contextes, une diplomatie spécifique. A rebours de la place conférée aux préférences nationales dans les décisions des acteurs, les demandes des adoptants s'avèrent fortement contraintes par les exigences internationales, les orientations étatiques et les injonctions croissantes des pays d'origine, autrefois principalement destinataires et exécutants des directives des pays d'accueil. |